lundi 30 mars 2009

John Gabriel Borkman d'Henrik Ibsen

On a pu à de nombreuses reprises remarquer la propension des metteurs en scène allemands à dépasser les bornes. Thomas Ostermeyer ne s'en est au cours de ses nombreuses créations pas privé lui non plus. Mais Ibsen dont il avait déjà monté Nora (Maison de poupée)et Hedda Gabler lui donne visiblement le goût de la sobriété. Il faut dire que le moral ébréché des personnages ne donne pas envie d'en rajouter. En cette période victime de l'idéologie productiviste et des petites frappes de la finance, il ne pouvait faire choix plus judicieux que John Gabriel Borkman. 

Banquier de son état, ce fils de mineur a, en effet, grugé la presque totalité de ses clients ce qui lui a valu cinq ans de taule. A sa sortie, il est revenu chez sa femme qui l'a relégué à l'étage du haut de leur manoir tandis que leur fils était confié à sa tante.  Le temps s'est écoulé, le fils devenu adulte est revenu vivre avec sa mère. La pièce débute au moment où la tante, soeur jumelle de la mère, ressurgit après plusieurs années de silence. et demande d'avoir jusqu'à sa fin qu'elle sait proche, son neveu à ses côtés. Mais le jeune home envoie dinguer mère et tante pour emprunter les chemins de la liberté. 

Comme chaque fois qu'il se mesure à cet auteur qui suggère avec des mots drus le pathétique de notre condition, Thomas Ostermeyer fait preuve tant sur le plan de la mise en scène, de la scénographie que de la direction d'acteurs d'une maîtrise vertigineuse. Un verre translucide occupe le fond de la scène, lorsque le plateau tourne s'élève une mince fumée. Les personnages d'une densité qui suscite le malaise sont défendus par des comédiens d'exception parmi lesquels on reconnaîtra Angela Winkler à qui l'immense Peter Zadek confia, il y a quelques années,le rôle d'Hamlet et qui au cinéma fut, entre autres rôles marquants, l'héroïne du film de Volker Schlöndorf "L'honneur perdu de Katharina Blum". Le prodige est que les années ne semblent pas pas avoir laissé sur elle l'ombre d'une empreinte;
Du 2 au 11 avril Odeon Théâtre de l'Europe 

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