Franc- tireuse du langage, Noëlle Renaude est, à n'en pas douter l'une des écrivaines de théâtre les plus difficiles à monter. Ce qui n'est pas fait pour rebuter Marie Rémond, jeune metteuse en scène et comédienne qui compte parmi les plus prometteuses de sa génération. Les personnages qui occupent le plateau sont pour la plupart des jeunes aux affections déréglées. On suit en priorité le parcours sinueux de Bob (Alexandre Steiger, un jeune trentenaire à ne pas perdre de vue) qui, trahi par son ami d'enfance lequel l'a débiné auprès de sa compagne afin de la lui piquer, n'est pas lui non plus un petit saint puisque, à leur insu, il se partage entre deux femmes. Complètement paumé, il accepte l'offre d'un certain Tom qui lui offre de s'éloigner de la ville et de ses tentations néfastes et de le suivre à la campagne. Mais ce retour à la nature ne tarde pas de virer à l'embrouille. Et Bob de disparaître sans laisser de traces.
Des didascalies présentes dans la bouche d'un grand nombre de créatures de Noëlle Renaude au début des tableaux à la fois ajoute à la difficulté de donner vie à la pièce et lui donne une attirante étrangeté. L'auteure a l'art d'harmoniser l'humour et la cruauté pernicieuse, de mêler mésaventures burlesques et virages au noir. Comme de plus un grand nombre d'acteurs assurent à leur personnage un relief saisissant, on se trouve devant un spectacle qui, malgré quelques minces scories, se démarque des productions courantes.
Jusqu'au 28 mars Théâtre Ouvert
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