Le succès des spectacles de Claudia Stavisky tenait la plupart du temps à la présence de comédiens aguerris (Denise Gence, Nada Stancar, Didier Sandre...) Il en va tout autrement avec Oncle Vania à la traduction duquel l'infatigable André Markowicz a prêté son concours. Le paradoxe est que la metteuse en scène, battante opiniâtre, n'aura jamais été autant à son affaire qu'en dépeignant les personnages privés de volonté imaginés par Tchekhov. Le canevas est connu qui décrit le séjour dans la maison de campagne où vivotent sa fille Sofia et Vania le frère de sa défunte première femme, d'un professeur, spécialiste de l'art qui a pour principal génie celui du mensonge à lui-même. La maisonnée, qui comprend aussi une grand mère et une vieille nourrice, est contaminée par l'oisiveté de ce sexagénaire hypocondriaque et d'Eléna, sa deuxième femme dont la jeunesse et la beauté attisent le désir de Vania mais aussi du docteur Astrov dont, pour son malheur, Sofia est éperdument éprise.
Le feu de la discorde qui couve entre Vania et son beau-frère finira par s'étendre. Et le couple prendra le large pour ne jamais revenir laissant les habitants du domaine à leur vie sans saveur. Si le décor est d'une redoutable laideur, l'interprétation est, elle, d'un insolite qui finit par porter ses fruits. C'est en effet une idée bien saugrenue que de confier le rôle du mélancolique Vania à Didier Benureau surtout connu pour ses prestations comiques. Philippe Torreton interprète le médecin porté sur la vodka et émoustillé par la présence d'Eléna avec un métier sans bavure. Bien que trop séduisante pour jouer l'ingrate Sofia, Agnès Sourdillon est parfaite. Comme le sont Maria Verdi à qui échoit le personnage de la nourrice et Georges Claisse qui impose un professeur à la retraite saisissant d'amour immodéré de sa propre personne.
Jusqu'au 3 avril Théâtre des Bouffes du Nord
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