Comédie aussi disjonctée que celles de Copi, Sextet a pour personnage central Simon qui bosse dans une entreprise de produits agro-alimentaires et revient, après avoir appris la mort de sa mère, dans la maison de son enfance accompagné d'une de ses collègues. Celle-ci se révèle d'une nature goulue. Tout comme ses deux voisines qui débarquent sans crier gare et qui pour le consoler et s'excuser des dégâts provoqués par leur chien dans le jardin de sa mère lui chantent des lieds de Schubert ou une chant portugais de toute beauté. Contrairement à une idée reçue, comme l'écrit Remi De Vos dans le dossier de presse, la musique n'adoucit pas toujours les moeurs. Elles provoquerait plutôt ici une allégresse forniquante...
Arrive ensuite une sorte de poupée barbie à la libido toute aussi forcenée. Ce sera enfin le chien, en fait une chienne, qui, affamée, surgira. Affronté au monde du désir, Simon dont l'inconsistance intérieure sautait aux yeux, se transforme.
Grâce à ses expériences nouvelles, il en apprendra de belles sur ses géniteurs et surtout sur la pluralité des êtres. On l'a compris soutenu par la mise en scène d'Eric Vigner, Remi De Vos a plus que jamais faussé compagnie à la raison. Emaillée de propos épicés, sa pièce qui se déroule dans un magnifique décor tout en longueur conçu par le metteur en scène, plaira à un public amateur d'audaces de style.
Réunies autour de Micha Lescot dont le jeu, comme à son habitude, évoque celui d'un contorsionniste, Maria de Medeiros et Jutta Johanna Weiss campent des voisines follement envahissantes. Le clou du spectacle on le doit à Johanna Nizard qui joue à la perfection de sa voix et de son accoutrement dont on vous laisse la surprise et qui, divin instant, entonne tout à coup une chanson en arabe.
Jusqu'au 14 novembre Théâtredu Rond-Point tel 01 44 95 98 21