Ils sont quelques auteurs parmi lesquels Philippe Mynyana, David Lescot et Noëlle Renaude dont l'écriture étant sans équivalent il importe de leur trouver un nouveau langage scénique. Il y deux jours sous la férule de Christophe Brault (pour lequel Noëlle Renaude a écrit "Ma Solange comment t'écrire mon désastre, Alex Roux, pièce chargée jusqu'à la gueule, convertie en 18 somptueuses heures de spectacle il y a quelques années par Frédéric Maragnani) quantité de comédiens et amis ont lu ou chanté des fragments de son oeuvre depuis ses débuts où pour gagner sa croûte elle publiait des nouvelles dans le l'hebdomadaire "Bonnes soirées" lu essentiellement par des dames vieillissantes jusqu'à ses écrits les plus récents dont certains sont encore ignorés même de ses proches. La soirée qui nous permis de pérégriner parmi une foule de personnages fut de celles qui ne se laissent pas oublier.
D'autant qu'y participèrent des fidèles de l'auteur comme Florence Giorgetti, Michel Corvin, Robert Cantarella, Michel Cerda et j'en passe. Heureusement un livre qui prouve combien la dame décloisonne avec un talentueux culot les univers est paru aux éditions Théâtrales. Dirigé par Michel Corvin cet ouvrage qui a pour titre "Noëlle Renaude" atlas alphabétique d'un nouveau monde" rassemble des textes souvent d'une intelligence lapidaire de Joëlle Gayot, Jean-Pierre Han, Frédéric Maragnani, Gaétan Vourc'h, Lucien Attoun, Robert Cantarella, qui a mis certains de ses textes en scène, et de bien d'autres.
Il apparaît clairement au fil de la lecture que cette femme qui règne par le mot appartient à une galaxie indépendante. Et qu'elle nous fait, du coup, tomber dans des abîmes de surprises.Et de félicité.
jeudi 24 juin 2010
mardi 15 juin 2010
Pelléas et Mélisande de Claude Debussy
Tiré de la pièce de l'écrivain symboliste Maeterlinck dont les personnages communiquent avec les forces de la terre, ce drame lyrique a séduit le metteur en scène Stéphane Braunschweig dont on n'avait jamais remarqué qu'il fut attiré comme un Claude Régy par l'interaction entre le monde des vivants et des morts. Résultat le spectacle apparaît bien sage. Sagesse accentuée par un décor d'une singulière laideur.
La musique de Debussy, dont c'est l'unique opéra, fait heureusement tinter la tragédie Elle nous entraîne dans des labyrinthes où la mort est aux aguets.Il faut dire que la direction musicale de Sir John Eliot Gardiner est grandiose. Mais les moments d'envoûtement du spectacle ont les doit pour l'essentiel aux chanteurs Philip Addis (Pelléas) et Markus Hollop (son vieux père) dont les voix nous emportent vers un ailleurs indéfini. Ils apparaissent , eux, par leur présence intense mais dénuée d'affectation, comme les investigateurs de l'invisible chers à Maurice Maeterlinck.
Plutôt que de s'attaquer à des ouvrages où la vérité se dérobe, le metteur en scène serait peut être bien inspiré lors de sa prochaine incursion sur une scène d'opéra de choisir une oeuvre contemporaine à la fois cérébrale et aussi insaisissable que le sont au théâtre les intrigues tortueuses d' Ibsen dont il est si friand.
Jusqu'au 29 juin Opéra Comique tel 08 25 01 01 23
La musique de Debussy, dont c'est l'unique opéra, fait heureusement tinter la tragédie Elle nous entraîne dans des labyrinthes où la mort est aux aguets.Il faut dire que la direction musicale de Sir John Eliot Gardiner est grandiose. Mais les moments d'envoûtement du spectacle ont les doit pour l'essentiel aux chanteurs Philip Addis (Pelléas) et Markus Hollop (son vieux père) dont les voix nous emportent vers un ailleurs indéfini. Ils apparaissent , eux, par leur présence intense mais dénuée d'affectation, comme les investigateurs de l'invisible chers à Maurice Maeterlinck.
Plutôt que de s'attaquer à des ouvrages où la vérité se dérobe, le metteur en scène serait peut être bien inspiré lors de sa prochaine incursion sur une scène d'opéra de choisir une oeuvre contemporaine à la fois cérébrale et aussi insaisissable que le sont au théâtre les intrigues tortueuses d' Ibsen dont il est si friand.
Jusqu'au 29 juin Opéra Comique tel 08 25 01 01 23
dimanche 13 juin 2010
Lorenzaccio d'Alfred de Musset
C'est sous un chapiteau, espace de communion qui rappelle les spectacles populaires d'antan que Claudia Stavisky nous fait redécouvrir le grand oeuvre de Musset sur lequel le temps visiblement n'a pas prise.Il faut reconnaître que la metteuse en scène et ses conseillers en ont fait une adaptation où il ne reste trace de son ton parfois verbeux mais qui scintille de phrases foudroyantes
Ceux qui la connaissent se souviennent que la pièce se situe à Florence sur laquelle règne un Duc de Médicis travaillé par ses hormones qui y mène une vie festive et dévoie les conscience ou fait occire ceux qu'excédent son absence de scrupules.Il forme avec Lorenzaccio, son favori, un capiteux tandem. Ce complice qui s'y entend pour satisfaire ses appétits sexuels mais s'évanouit lorsque l'une des victimes de ses réparties narquoises brandit une épée, se roule dans l'abjection dans le seul but de gagner la confiance du tyran. Ce qui est chose faite.
Comédiens au talent bien trempé, Thibaut Vinçon (Lorenzo) et Alexandre Zambeaux (le Duc) donnent à leurs personnages au tempérament si opposés des interprétations saisissantes. Leurs partenaires sont à la hauteur, en particulier Jean-Marc Avocat qui incarne le cardinal Cibo dont les airs d'homme d'église ne permettent pas de deviner qu'il n'est qu'intrigues. Ah! cette scène où il ordonne à la femme de son frère, qu'il a vu dans les bras du Duc, de le relancer. Ou cette autre bien différente et délicatement équivoque où le despote et Lorenzaccio, dont la jeunesse, dit-il, fut pure comme l'or, dansent enlacés
.
Son orientation pessimiste interdit à Lorenzaccio de se bercer d'illusions sur l'avenir. Il sait , à l'inverse de ceux qui se font appelés les Républicains, que succédera à la place de la canaille qu'il s'apprête à assassiner un individu fait du même bois. Les hommes dit-il ne sont pas méchants mais lâches et indifférents. On ne le contredira pas, nous qui sommes témoins de tant de reniements politiques...
Ce spectacle qui littéralement nous harponne a été produit par la ville de Lyon et le Conseil Général. Ils ont tout lieu de s'en glorifier.
Jusqu'au 26 juin Théâtre des Célestins 69 Lyon tel Tel 04 72 77 40 00 Les représentations se donnent au Site du Château de Gerland, 186, rue de Gerland
Ceux qui la connaissent se souviennent que la pièce se situe à Florence sur laquelle règne un Duc de Médicis travaillé par ses hormones qui y mène une vie festive et dévoie les conscience ou fait occire ceux qu'excédent son absence de scrupules.Il forme avec Lorenzaccio, son favori, un capiteux tandem. Ce complice qui s'y entend pour satisfaire ses appétits sexuels mais s'évanouit lorsque l'une des victimes de ses réparties narquoises brandit une épée, se roule dans l'abjection dans le seul but de gagner la confiance du tyran. Ce qui est chose faite.
Comédiens au talent bien trempé, Thibaut Vinçon (Lorenzo) et Alexandre Zambeaux (le Duc) donnent à leurs personnages au tempérament si opposés des interprétations saisissantes. Leurs partenaires sont à la hauteur, en particulier Jean-Marc Avocat qui incarne le cardinal Cibo dont les airs d'homme d'église ne permettent pas de deviner qu'il n'est qu'intrigues. Ah! cette scène où il ordonne à la femme de son frère, qu'il a vu dans les bras du Duc, de le relancer. Ou cette autre bien différente et délicatement équivoque où le despote et Lorenzaccio, dont la jeunesse, dit-il, fut pure comme l'or, dansent enlacés
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Son orientation pessimiste interdit à Lorenzaccio de se bercer d'illusions sur l'avenir. Il sait , à l'inverse de ceux qui se font appelés les Républicains, que succédera à la place de la canaille qu'il s'apprête à assassiner un individu fait du même bois. Les hommes dit-il ne sont pas méchants mais lâches et indifférents. On ne le contredira pas, nous qui sommes témoins de tant de reniements politiques...
Ce spectacle qui littéralement nous harponne a été produit par la ville de Lyon et le Conseil Général. Ils ont tout lieu de s'en glorifier.
Jusqu'au 26 juin Théâtre des Célestins 69 Lyon tel Tel 04 72 77 40 00 Les représentations se donnent au Site du Château de Gerland, 186, rue de Gerland
samedi 5 juin 2010
Les âmes mortes d'après Gogol
Alors que les fins de saison sont généralement lugubres, il en va tout autrement cette année. Ainsi ces Ames mortes, oeuvre monumentale de Gogol traduite avec son incomparable inventivité par André Markowicz et que propose, avec pour tout décor quelques misérables tables , chaises et tonneaux, le metteur en scène russe Anton Kouznetsov qui a depuis peu installé ses pénates en France.
Fréquemment adapté pour la scène -notamment par Adamov - le roman est dans le droit fil du Revizor qui révèle les tares des notables d'une bourgade qui croient avoir à faire à un puissant. Le personnage clé est ici Tchitchikov (Laurent Manzoni irréprochable) qui au contraire révèle le goût du lucre des propriétaires terriens auxquels, pour des raisons qu'on ne dévoilera pas, veut acheter les âmes des serfs morts depuis peu mais dont le décès n' a pas été déclaré. Pour ce faire il serpente entre des personnages tout aussi pittoresques qu'effrayants d'inconscience morale. Ces canailles sont toutes jouées par Hervé Briaux dont on n'a plus à vanter l'extraordinaire brio. Vera Ermakova, une jeune comédienne russe, complète la distribution. Douée d'une riche nature, elle incarne une kyrielle de rôles dont ceux d'une vioque et d'une servante qui ne craint pas de dire son fait à son patron, une sorte d'Harpagon qui porte avec énergie son grand âge.Il faut ajouter qu'elle chante divinement tant en italien que dans sa langue natale.
Acheter et vendre des biens virtuels, comme on dit aujourd'hui est pour l'auteur le comble de l'infamie. Par les temps cyniques qui courent c'est devenu monnaie courante. Lorsqu'il sent le vent du boulet, Tchitchikov prend les jambes à son cou. Il attendrait aujourd'hui qu' un nouveau scandale fasse oublier celui dont il est l'instigateur.
Jusqu'au 29 juin MC93 Bobigny tel 01 4& 60 72 72.
Fréquemment adapté pour la scène -notamment par Adamov - le roman est dans le droit fil du Revizor qui révèle les tares des notables d'une bourgade qui croient avoir à faire à un puissant. Le personnage clé est ici Tchitchikov (Laurent Manzoni irréprochable) qui au contraire révèle le goût du lucre des propriétaires terriens auxquels, pour des raisons qu'on ne dévoilera pas, veut acheter les âmes des serfs morts depuis peu mais dont le décès n' a pas été déclaré. Pour ce faire il serpente entre des personnages tout aussi pittoresques qu'effrayants d'inconscience morale. Ces canailles sont toutes jouées par Hervé Briaux dont on n'a plus à vanter l'extraordinaire brio. Vera Ermakova, une jeune comédienne russe, complète la distribution. Douée d'une riche nature, elle incarne une kyrielle de rôles dont ceux d'une vioque et d'une servante qui ne craint pas de dire son fait à son patron, une sorte d'Harpagon qui porte avec énergie son grand âge.Il faut ajouter qu'elle chante divinement tant en italien que dans sa langue natale.
Acheter et vendre des biens virtuels, comme on dit aujourd'hui est pour l'auteur le comble de l'infamie. Par les temps cyniques qui courent c'est devenu monnaie courante. Lorsqu'il sent le vent du boulet, Tchitchikov prend les jambes à son cou. Il attendrait aujourd'hui qu' un nouveau scandale fasse oublier celui dont il est l'instigateur.
Jusqu'au 29 juin MC93 Bobigny tel 01 4& 60 72 72.
jeudi 3 juin 2010
Les amours tragiques de Pyrame et Thisbé
Benjamin Lazar n'en est pas à son premier coup de maître. Sa figure tutélaire est Eugène Green, professeur et cinéaste d'origine américaine, fin connaisseur de la langue française et de la gestuelle baroque. Lazar a notamment monté avec succès une pièce de l'écrivain Cyrano de Bergerac et Comment Wang-Fö fut sauvé de Marguerite Yourcenar. Il a cette fois porté son choix sur cet écrit à ma connaissance rarement vu sur un plateau que sont Les amours tragiques de Pyrame et Thysbé de Théophile de Viau (1590 -1626)
Comme toutes les pièces de la première moitié du "Grand siècle" celle-ci est peu connue sauf par l'utilisation parodique qu'en a fait Shakespeare à la fin du Songe d'une nuit d'été. Il utilisera aussi son thème central -deux adolescent s'éprennent l'un de l'autre malgré la haine que se portent leurs familles - dans Roméo et Juliette. La situation ici se complique du fait que le Roi s'est lui aussi toqué de la jeune fille.Ce qui permet à l'auteur de mettre en lumière les traîtres méandres du pouvoir politique
La délicatesse des éclairages à la bougie qui a la vertu de rehausser le caractère intimiste de ce drame galant et la beauté sans pareille des costumes d'Alain Blanchot contribuent largement à ce que ce spectacle se démarque des productions courantes.
Lorsqu'à tour de rôle Pyrame puis Thisbé (qui a découvert celui dont elle partage la passion sans vie) mettent fin à leur jeunes jours, nous revient en mémoire la phrase du psychanalyste François Perrier "L'amour c'est laisser vivre l'enfant qu'on a en soi"
Il serait injuste de ne pas ajouter que la qualité de la représentation doit énormément aux interprétations de Benjamin Lazar,de Louise Moaty et de leurs partenaires qui pour notre plus grand plaisir roulent les r et prononcent les s finaux comme cela se faisait lorsque fut conçue l'oeuvre.
Jusqu'au 12 juin Athénée - Louis Jouvet tel O1 53 05 19 19
Comme toutes les pièces de la première moitié du "Grand siècle" celle-ci est peu connue sauf par l'utilisation parodique qu'en a fait Shakespeare à la fin du Songe d'une nuit d'été. Il utilisera aussi son thème central -deux adolescent s'éprennent l'un de l'autre malgré la haine que se portent leurs familles - dans Roméo et Juliette. La situation ici se complique du fait que le Roi s'est lui aussi toqué de la jeune fille.Ce qui permet à l'auteur de mettre en lumière les traîtres méandres du pouvoir politique
La délicatesse des éclairages à la bougie qui a la vertu de rehausser le caractère intimiste de ce drame galant et la beauté sans pareille des costumes d'Alain Blanchot contribuent largement à ce que ce spectacle se démarque des productions courantes.
Lorsqu'à tour de rôle Pyrame puis Thisbé (qui a découvert celui dont elle partage la passion sans vie) mettent fin à leur jeunes jours, nous revient en mémoire la phrase du psychanalyste François Perrier "L'amour c'est laisser vivre l'enfant qu'on a en soi"
Il serait injuste de ne pas ajouter que la qualité de la représentation doit énormément aux interprétations de Benjamin Lazar,de Louise Moaty et de leurs partenaires qui pour notre plus grand plaisir roulent les r et prononcent les s finaux comme cela se faisait lorsque fut conçue l'oeuvre.
Jusqu'au 12 juin Athénée - Louis Jouvet tel O1 53 05 19 19
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