dimanche 31 janvier 2021

J.C. Mise en scène Juliette Navis

Karateka devenu une star du film d'action, Jean-Claude van Damme (J.C.) est un être qui ne peut être réduit à la carricature qui en est fréquemment faite. S'inspirant de l'essai que lui a consacré l'économiste belge Bernard Lietaer la metteuse en scène Juliette Navis montre à travers un spectacle, où le comédien Douglas Grauwels se glisse dans dans ses nerfs et ses pensées, le surprenant parcours de celui qui fut un enfant associal traité de gringalet. Le choc qu'il dit avoir ressenti dans une église face au visage de Marie le poussa à prendre son destin en mains. Dans un même mouvement il développa sa msculature et entreprit de comprendre pourquoi la société repose sur l'avidité des uns et la précarité des autres. Son combat contre les idéaux mercantiles qui dominent notre époque le poussa à chercher ce qui a les a favorisés. A l'en croire c'est notre système monétaire lequel perpétue des traditions férocement patriarcales. C'est par le truchement d'un texte aussi abondant qu'à certains endroits farfelu que l'acteur seul en scène fait entendre le raisonnement de J.C. Comédien à la gestuelle précise, Douglas Grauwels, qui a adopté l'accent du Bruxelles populaire - celui qui berça la prime enfance de Jean-Claude van Damme - déploie une énergie physique sidérante. Il porte la représentation à des somments d'admirable virtuosité. La date à laquelle ce spectacle sera joué devant un public qu'il a toutes les chances de séduire est, on s'en doute, imprécise...

jeudi 14 janvier 2021

Kolik de Rainald Goetz Mise en scène Alain Françon

Bien que nos gouvernants aient décrétés les lieux culturels inessentiels, metteurs en scène, comédiens, scénographes et tant d'autres s'activent en esperant que leurs créations verront le jour. Kolik est un monologue étourdissant signé du dramaturge allemand Rainald Goetz que joue Antoine Mathieu sous la délicate direction d'Alain Françon. Un homme sous l'empire du stress s'adresse au public. Il semble parler pour juguler sa terreur, s'exprime par bribes signifiant par cela que la grammaire et même les mots ne sont plus en adéquation avec le réel. La prestation intensément physique du comédien nous fait pourtant ressentir que son personnage a conservé son appétit d'être. Si le cerveau s'embrase, le corps résiste. Reinald Goetz qui écrivit ce texte en 1986 - texte qui a été revu par Ina Seghezzi - semble lancer un avertissement ultime. Qu'un tel spectacle - où pour tout accessoire l'intérprête dispose d'une fauteuil - soit vigoureusement applaudi par ceux qui ont la chance de le découvrir peut apparaître comme la preuve que la sitation est grâve mais pas aussi désepérée que l'auteur le croit. Théâtre 14 à une date indéterminée.

mardi 12 janvier 2021

Là bas, chansons d'aller-retour. Mise en scène Simon Abkarian

Chanteuse et comédienne de premier ordre, Nathalie Joly, dont on a tant apprécié l'interprétation qu'elle donna du répertoire et de la trajectoire d'Yvette Guilbert, revient aujourd'hui avec un spectacle à deux voix. Le duo qu'elle forme avec Valérie Joly, sa soeur est un bonheur. Non seulement parce que leurs deux voix s'accordent à merveille mais aussi pour la bonne raison qu'elles nous font découvir les reliquats d'un monde disparu ou du moins oublié. Le récit chanté qui nous est proposé est né de la rencontre de Nathalie Joly avec des femmes rencontrées de l'autre côté de la Méditérannée dont elle est elle-même originaire. Son inspiration elle l'a également trouvée à Cuba.La création à laquelle on assiste bénéficie de l'influence de deux cultures. Nostalgie et entrain tout du long se cotoyent. Les deux intreprètes marchent tantôt sur les brisées des Diseuses dont les incantations accompagnaient les familles endeuillées tantôt font surgir de la brume des souvenirs la préparation d'une spécialité culinaire dont, dans leur prime enfance, elles raffolaient. Vieux complice de l'initiatrice du spectacle, Simon Abkarian lui a donné un rythme si soutenu que la représention finie on se sent regénéré.Bien que la culture soit baillonnée ses servants s'activent. Ce spectacle comme tant d'autres est fin prêt. On ne sait hélas quant le public pourra le goûter.