vendredi 21 juin 2019
Madame Favart de Jacques Offenbach
Le bicentenaire d'Offenbach est l'occasion de faire connaître une de ses oeuvres qui, après avoir connu le succés, est tombée dans l'oubli. L'histoire, évidement cintrée, se déroule durant le règne de Louis XV. Un de ses maréchaux veux faire de la comédienne Justine Favart sa maîtresse. Or celle-ci a un mari qu'elle n'a nul désir de tromper. Le couple doit, pour échapper aux assiduités de la puissante vieille ganache, se cacher et vivre séparés. Justine qui a tous les culots se fait passer pour une domestique. Mais cela suffira-t-t-il a décourager un prétendant gouverné par ses sens? Si le premier acte n'a pas le charme vaudevillesque de La Belle Hélène ou de La vie parisienne il n'en va pas de même des deux suivants. Le parlé-chanté qui est la marque du compositeur y est devenu d'une irrésistible séduction. La musique qui a pris l'ascendant sur les mots enchante. D'autant que les ondes de la voix de Marion Lebégue, à qui échoit le rôle titre, transportent. Elle a trouvée en Christian Helmer et Anne-Catherine Gillet des partenaires à sa taille. Si l'on ajoute que Anne Kessler, dont les mises en scène de théâtre sont pour la plupart d'une extrême délicatesse, se mesure avec bonheur à une oeuvre mi-lyrique qui foisonne de quiproquos et que la scénographie signée Andrew D. Edwards est d'un goût aussi sûr qu'inhabituel, on aura compris que cette Madame Favart mérite la (re)découverte. Jusqu'au 30 juin Opéra Comique Tél 01 70 23 01 31
dimanche 16 juin 2019
La vie de Galilée de Bertold Brecht
Galilée (1564-1642) était un homme de sciences que les idées nouvelles comme les mets confectionnés avec soin mettaient en appétit. Ses recherches ont contredit des convictions, essentiellement en matière d'astronomie et de physique, ancrées depuis des siècles dans les esprits. Si les résultats des travaux qu'il mena avec ses jeunes disciples le mirent en joie, elles lui valurent aussi de solides inimitiés. La plupart des gens d'Eglise appréciaient évidement peu que ces considérations cosmologiques se substituent à la foi. Si la terre n'est plus, comme il le découvrait, au centre de l'univers,qu'en est-il de l'homme, créature de dieu? Ses ennemis parvinrent en ces temps d'Inquisition à convaincre le pape, pourtant épris de savoir, de menacer le savant du pire. Terrifié par la vision des instruments de torture Galilée abjura. Cela au grand dam de ses partisans. Auteur dramatique d'une impressionnante puissance, Bertold Brecht savait d'expérience que les pensées audacieuses ou qui simplement dépassent le sens commun risquent fort d'aller à la casse. Cependant étranger au défaitisme il fait aussi voir qu'au soir de sa vie, sous ses airs dociles, Galilée n'a pas renoncé à faire répandre le fruit de son travail. Cette pièce a visiblement inspiré Eric Ruf dont la mise en scène est un éblouissement. Si au début du spectacle les conversations sur l'infini qui se déroulent dans un lieu clos captivent, la suite tient en haleine. Hervé Pierre, dont le registre est immense, compose un Galilée tantôt haut en couleur, faisant à d'autres moments le dos rond. Une étincelante distribution (Florence Viala, Jean Chevalier, Guillaume Galienne... ) contribue, elle aussi, à la réussite du spectacle dont le décor fait de toiles peintes aux motifs religieux laisse subjugué. On ne saurait, en effet, mieux faire voir l'emprise, en ces temps du catholicisme et la fascination qu'il exerçait. Jusqu'au 21 juillet Comédie-Française Richelieu tél 01 44 58 15 15
dimanche 2 juin 2019
An Irish Story de et avec Kelly Rivière
Seule en scène, Kelly Rivière, comédienne capable de jouer de tous les registres mais qui était jusqu'à présent inconnue du public, fait avec An Irish story un triomphe. Elle y raconte une saga familiale qui débute en Irlande et se poursuit en Angleterre et en France. Venu d'un village irlandais chercher du travail à Londres,Peter O'Farrel, le grand père, eût avec sa femme, Margaret, de nombreux enfants. Ce qui ne l'empêcha pas de prendre la poudre d'escampette. L'ombre de cet événement n'a cessé de peser sur les épaules de sa petite fille qui se mit en tête de retrouver sa trace. Initiative d'autant plus difficile que sa mère se dérobe à ses questions et devient, quand elle insiste, gracieuse comme un fagot d'épines. Elle finit pourtant par la convaincre de l'accompagner sur les lieux où vécut l'aïeul. Les personnages que Kelly croise au cours de cette recherche sont innombrables. Connaissant la force de la dérision, elle compose une foule de réjouissantes silhouettes et passe avec une aisance sidérante d'une langue et d'un accent à l'autre. Son abattage et son talent à jongler avec les situations font merveille. Elle finira par déterrer un secret qui, toute volubile qu'elle soit, la laissera sans voix. En réinventant un pan de l'histoire de sa famille irlandaise, Kelly Rivière nous offre un spectacle plein de bifurcations aussi inattendues que jubilatoires. Jusqu'au 30 juin Théâtre de Belleville tél 01 48 06 72 34
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