samedi 13 février 2021
Stallone d'après le roman d'Emmanuelle Bernheim.
Etoile filante de la littérature, Emmanuelle Bernheim (1955-2017) avait l'art d'écrire des romans brefs mais d'une densité suffocante. Stallone en est un parfait exemple qui décrit comment la découverte des films Rocky dans lequel Stallone joue un homme qui puise dans les tous les aléas de sa vie des forces nouvelles, fait grandit chez Lise, une jeune secrétaire médicale, un puissant appétit d'être. La voilà qui abandonne son existence routinière, reprend des études de médecine et s'entraîne à la boxe. Un amour, tous frais, tout beau puis la naissance de deux fils va parachever sa transformation mais ne lui font pas oublier sa dette envers Stallone dont elle ne rate aucune sortie de film. Lorsqu'il connaît un passage à vide elle se décide, par un acte impulsif, à lui prêter main forte. Adapté pour la scène par Fabien Gorgeart, ce récit d'un transfert amoureux dont la complexité reste fort heureusement indéchiffrable ne peut que transporter. Clothilde Hesme fait de Lise une femme que sa passion fait irradier. Son apprentissage du noble art qui se transforme en numéros de claquette restera gravé dans les mémoires. Le comédien et prodigieux musicien Pascal Sangla crée à ses côtés un décor sonore qui semble donner voix à ceux qui accompagnent Lise dans son étonnant périple. La politique de restriction que nous subissons rend impossible de savoir quand les représentations de ce spectacle seront reprises.
dimanche 7 février 2021
Hamlet de William Shakespeare
Gérard Watkins n'avait jusqu'à présent mis en scène que ses propres pièces. Il change aujourd'hui son fusil d'épaule afin de servir l'immense Shakespeare. Montrant une fois de plus qu'il n'a pas froid aux yeux, il a porté son choix sur Hamlet, assurément la pièce la plus démente de son auteur. On ne peut en outre que se féliciter qu'il a tenu à lui- même traduire cette oeuvre qui semble avoir été écrite dans un état second. Le miracle est que l'on est subjugué par la magnificence de la langue. Se rappelant que Sarah Bernahardt s'était glissée avec un succés devenu légende dans la peau et les humeurs ulcérées du prince de Danemark, il a confié le rôle à Anne Alvaro, sa talentueuse complice de toujours. Etoffée par une bande-son rock, la représentation démarre en force. Profondément atteint par la mort de son père, dont le spectre hante les lieux, Hamlet s'adresse à Gertrud, sa mère et à Claudius, son ursupateur d'oncle, avec des mots qui cachent sous leur vernis une haine inextinguible. Les événements se bousculent faisant vaciller les esprits et provoquant une cascade de morts. On sait gré à Gérard Watkins de nous faire découvrir des scènes cruciales d'ordinaire sacrifiées. Grâce à de saisissantes inventions scéniques le spectacle est de ceux, si rares, qui portent à de multiples endroits l'empreinte du génie shakepearien. Un spectacle qui, comme tant d'autres, ne sera rendu public que quand les temps seront redevenus normaux.
mercredi 3 février 2021
La situation Texte et mise en scène de Bernard Bloch
Malgré le coup d'arrêt de la vie sociale et des activités culturelle les artistes sont à l'oeuvre. Des spectacles sont prêts à être soumis à l'avis du public. Mais pour l'instant seuls quelques "professionnels" ont le privilèges de les découvir. Après avoir passé quelques mois à Jérusalement où il s'est entretenu avec un grand nombre de personnes Bernard Bloch a écrit et monté La situation où il fait entendre quantité de mots qu'il a glané. C'est qu'il sait être à l'écoute des gens les plus divers et qu'il n'utlise ses talents de débatteur que pour pousser ses interlocuteurs à affiner leurs propos. Un musicien et dix comédiens, qui chacun se fait le porte paroles de plusieurs personnes, occupent le plateau. Cette multiplicité de regards sur une ville considérée par certains comme sainte,où rêgne la violence, le désir d'en découdre comme celui d'apaiser les tensions laisse deviner combien il est à la fois exaltant et harrassant d'y vivre. C'est que personne ne se considére hors jeu, que chacun est viscéralement concerné. Tous ont de ce fait le verbe facile et quelquefois lyrique. Beaucoup de ceux avec lesquels Bernard Bloch devise sont hauts en couleur, S'il en est chez lesquels on perçoit un noyau paranoîaque, d'autres qui se dressent en prophétes de malheur (tel celui qui attend avec délectation l'apocalypse) il en est aussi à qui la ville apparaît comme un avant poste du paradis. C'est le cas d'un couple d'ultra religieux dont on apprend qu'ils sont des chrétiens convertis au judaïsme dont la crainte la plus forte est de voir leur fils épouser une non juive.. Parmi les hommes et femmes rencontrés certains sont évidement juifs d'autres musulmans ou chrétiens. Parmi les arabes d'Israêl, il en est, on s'en doute, beaucoup qui se sentent lésés. L'un d'eux affirme que les juifs ont leur place au Moyen-Orient pas le sionisme qui en occupant les territoires a montré sa vraie nature. Ce faisceau de points de vue relayés par des comédiens on ne peut mieux choisis fait le prix de ce spectacle dont la fin compte parmis les plus déchirantes jamais vues. Du 18 au 21 mai Comédie de Saint Etienne, du 3 au 5 juin Théâtre Dijon Bourgogne (Théâtre en mai) Dans la région parisienne la saison prochaine.
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