vendredi 13 mars 2009

Casimir et Caroline d'Odön von Horvath

La scène inaugurale, au cours de laquelle une foule regarde éblouie l'aéronef Zeppelin qui traverse le ciel, est une splendeur. Parmi les badauds se trouvent Casimir, un jeune chauffeur qui vient de perdre son emploi et Caroline, sa promise dont les parents auraient préféré qu'elle épouse un fonctionnaire avec lequel son avenir aurait été assuré. Les deux amoureux ne tardent pas à se chamailler puis à se séparer. Comme cette rupture se passe dans un parc d'attractions, une cohorte d'autres personnages sont présents. Dont un tailleur d'âge mûr (Hughes Quester dont l'interprétation est comme toujours surprenante)  qu'émeut le jeunesse de Caroline. Casimir est, lui, happé par des jeunes qui machinent quelque mauvais coups. 
Pour sa première mise en scène comme directeur du Théâtre de la ville, Emmanuel Demarcy-Mota a choisi cette pièce d'une exceptionnelle densité écrite au début des années trente par Odön von Horvath qui pressentait le gouffre dans lequel allait tomber l'Allemagne qu'il n'allait pas tarder à quitter pour Paris où, au cours d'un orage, la chute d'un arbre mit prématurément fin à ses jours. 
Cet univers où les jeunes draguent, se laissent glisser sur des toboggans et se pochardent et où des puissants  se payent des filles sans le sou, aurait mérité d'être plus concis. Beaucoup de scènes, surtout celles où les adolescents s'amusent à lorgner des phénomènes de foire ou en viennent aux mains sont inutilement étirées.  Ce qui est d'autant plus navrant que l'Allemagne des années qui précédèrent l'élection d'Hitler étant entrée dans une crise économique majeure, cette oeuvre n'est pas sans rappeler la période de déliquescence sociale que nous traversons. Le spectacle bénéficie heureusement  de  la présence de Sylvie Testud et de Thomas Durand, un nouveau venu d'un incontestable talent.  
Ayant un sens aigu des éclairages, le metteur en scène clôt son spectacle sur l'image grandiose d'un monde qui s'assombrit comme s'est éteint l'amour de Casimir et Caroline. 
Jusqu'au 27 mars Théâtre de la Ville    
   

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