jeudi 26 mars 2009

L'habilleur de Ronald Harwood

Laurent Terzieff est avec Michel Aumont, Michel Bouquet, Robert Hirsch , et Jean-Paul Roussillon,  l'un des derniers grands acteurs de la scène française. Mais alors qu'il joue, lui, constamment à Paris où ses fidèles sont légion, le personnage qu'il interprète est un acteur d'envergure mais d'une emphase certaine  qui a pour territoire la province anglaise et fait comme nombre de ses pairs des tournées dans des conditions matérielles misérables. D'autant que la pièce se déroule alors que le pays vit sous la menace des bombardements allemands. 
Alors qu'il vient de s'enfuir d'une clinique, le "maître" rejoint sa loge où l'attend son habilleur qui, à l'inverse des autres membres de la compagnie, est persuadé qu'il peut une fois encore entrer dans la peau du  roi Lear. Cet homme qui n'arrête de lui tresser des compliments entretient avec l'acteur dont la mémoire s'étiole des rapports ambivalents. Alors que le vieux cabot ne manifeste aux membres de son entourage qu'une attention distraite et a le narcissisme dévoreur de ceux qui se considèrent comme des stars, il est manipulé par celui qui est devenu son miroir. Dans ce rôle le vieux complice de Terzieff (on pourrait presque dire son double), Claude Aufaure fait merveille. Tout comme Philippe Laudenbach, autre membre de la famille créée autour de lui par ce comédien qui honore l'art de la scène 
La période est décidément pleine de paradoxes où,  bien que nos gouvernants jugent la culture comme un luxe improductif,  le théâtre fait preuve d'une santé à toute épreuve. Le public fait d'ailleurs à L'habilleur un triomphe tonitruant.  
Théâtre Rive Gauche   

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