En mai 2004 parut dans Le Washington Post la photo d'une soldate américaine qui tient en laisse un prisonnier irakien dans la prison d'Abou Gharib. Ce cliché qu'elle avait punaisé à un mur contribua à faire dériver les pensées de Claudine Galea. La jeune femme surprise dans cette attitude sur laquelle tout jugement est superflu, a les attaches fines, les traits séduisants. Elle évoque à l'auteur sa mère, morte quelques années plus tôt, qui, à sa manière, la tenait en laisse. L'humiliait, L'avait, alors qu'elle était enfant, frappée cul nu devant ses copines de classe. Cette femme hystériquement maternelle se plaisait à rappeler à sa fille que celle-ci n'avait qu'elle au monde.
Les rencontres avec d'autres femmes lui permirent d'apprendre que son corps puisse être désirable. Ces amantes aujourd'hui également emportées par la maladie l'ont sauvées du désastre, dela haine d'elle même. Sous la soucieuse férule de Jean-Michel Rabeux, Claude Degliame interprète avec sa voix qui semble venue des profondeurs de son être, le double de Claudine Galea dont la pensée fut stimulée par l'horreur des fait qu'elle a vécu. Le texte nous entraîne dans des territoires si intimes que peu d'écrivains (à l'exception notable de Jean Genêt) avaient osé s'y aventurés.
Le spectacle navigue entre les aveux de celle qui découvre la photo et les peintures créées sous nos yeux par Bérengère Vallet qui tend à reproduire les univers mentaux de la tortionnaire et de celle que la découverte de ce cliché tant remua.
On quitte la représentation qui développe peu à peu toute sa puissance passablement estourbi. Et un peu plus éclairé sur nos propres énigmes.
Jusqu'au 15 avril MC93 Bobigny tel 01 41 60 72 72
mercredi 2 avril 2014
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