Ecrivain discrètement majeur, Louis Guilloux (1899-1980) mit la dernière main à son roman "Coco perdu" deux ans avant de trépasser. Puisant au plus intime de son expérience il décrit un homme tout ce qu'il y a d'ordinaire qui, après avoir accompagné à la gare sa femme désireuse de revoir Paris, laisse quelques jours durant dériver son esprit. Le comédien Gilles Kneusé a adapté ce texte dont il est, à juste titre, fou pour la scène et le joue (à merveille) dans une mise en scène qu'il a conçue avec Thierry Laval.
Le bonhomme retourne dans leur maison, s'y morfond un peu, se rend dans un restaurant où il a ses habitudes, s'adresse à son voisin de table, se décide à aller boire un coup au bistrot, retourne dans la brasserie du bourg, invite une serveuse à partager son repas. Celle-ci accepte et va s'asseoir à une table située derrière la sienne. Un type démuni lui demande quelques sous il les donne et lui caresse le visage en l'appelant "frère"
Plutôt que de se laisser noyer dans son naufrage domestique, notre quidam tend l'oreille, observe ceux qu'il croise, laisse émerger des images de son passé. Il sait que sa vie a basculé, que ce basculement est sans retour. Passé et présent peu à peu se juxtaposent. Il est en proie à la mélancolie, mais une mélancolie retenue. Ce qui a pour effet que son charivari intérieur, les mots qu'il s'adresse ou qu'il adresse à d'autres peuvent sembler familiers à chacun d'entre nous.
Le bel écrin qu'est la bande son créée par Pipo Gomes rend particulièrement attachante cette errance dans une ville de province dénuée de pittoresque et dans les méandres de la mémoire.
Jusqu'au 31août Lucernaire 21h tel 01 45 44 57 34
vendredi 28 juin 2013
vendredi 7 juin 2013
Demain il fera jour de Henry de Montherlan
Michel Fau s'écarte cette fois des personnages d'une aguichante extravagance ou de meneuse de revue qui ont fait son succès. Dans "Demain il fera jour", une pièce que Montherlan écrivit en 1949, à une époque où le public appréciait peu d'entendre évoquer ceux qui durant l'Occupation avaient eu peu scrupules à exercer de rentables activités, il incarne un homme dont le fond sombre constamment apparaît. On connaît l'attrait de ce comédien de très haut vol pour les versants les plus noirs de la nature humaine.Sans doute n'avait-on pas vu pareille pourriture depuis celle que campait Noiret dans le film Coup de torchon de Tavernier ou Michel Galabru dans Uranus de Claude Berri
Familier d'une langue ourlée, la grand bourgeois George Carrion a manifestement assidument fréquenté les salons. Ce qui lui permet de prétendre à sa femme pantelante d'amour pour son fils unique, comme à ce dernier qu'il n'est habité à leur égard que d'intentions louables. Il en arrive même à dire à ce garçon de 17 ans qu'il comprend ses sympathies communistes. Il a en réalité tout à gagner à avoir un fils qui a gagné le maquis. Mais Michel Fau n'est pas comédien à donner à ses interprétation. une couleur unique. Alors qu'il pousse au pire des périls celui qu'il considérait jusqu'à présent comme son bâtard on devine en lui la peur de le perdre.
Un décor à la rampe qui nimbe de lumière les visages rappelle que cette pièce appartient à un temps révolu. Si Michel Fau a trouvé en Léa Drucker une partenaire honorable, il nous faut surtout applaudir les costumes de David Belugou, le décor de Bernard Fau et les maquillages de Pascale Fau
L'Oeuvre tel 01 44 53 88 88
Familier d'une langue ourlée, la grand bourgeois George Carrion a manifestement assidument fréquenté les salons. Ce qui lui permet de prétendre à sa femme pantelante d'amour pour son fils unique, comme à ce dernier qu'il n'est habité à leur égard que d'intentions louables. Il en arrive même à dire à ce garçon de 17 ans qu'il comprend ses sympathies communistes. Il a en réalité tout à gagner à avoir un fils qui a gagné le maquis. Mais Michel Fau n'est pas comédien à donner à ses interprétation. une couleur unique. Alors qu'il pousse au pire des périls celui qu'il considérait jusqu'à présent comme son bâtard on devine en lui la peur de le perdre.
Un décor à la rampe qui nimbe de lumière les visages rappelle que cette pièce appartient à un temps révolu. Si Michel Fau a trouvé en Léa Drucker une partenaire honorable, il nous faut surtout applaudir les costumes de David Belugou, le décor de Bernard Fau et les maquillages de Pascale Fau
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