Nathalie Joly a été bien inspirée de commencer le tour de chant qu'elle consacre à Yvette Guilbert, immense chanteuse d'avant-guerre, par L'éternel féminin" de Jules Laforgue que l'artiste mit elle même en musique. Icône de la féminité avant que cette expression ne soit en vogue, la dame traça son chemin dans des conditions hasardeuses. Ses débuts, elle les fit au Chat noir, caf 'conc des Grands Boulevards où son répertoire d'une cocasserie suavement coquine était grandement apprécié.
De graves revers de santé l'éloignèrent de la scène. La solitude dans laquelle elle se retrouva la poussa à changer de cap. Exilée durant plusieurs années aux Etats Unis, elle y fonda une école de chants pour jeunes talents désargentés. Et plus décisif : exhuma des centaines de chansons médiévales dont elle se fit l'interprète. Saisie par une soif inextinguible de transcendance elle se mit aussi à l'étude du Nouveau Testament. Pas étonnant que les chants de cette époque, où la passion apparaît comme le thème central, souvent se fassent prières.
Elle n'en resta pas moins fidèle à son humour laconique et rencontra à nouveau le succès. Douée d'une voix tour à tour enveloppante, grinçante ou de gorge, Nathalie Joly est la passeuse idéale de ces oeuvre dissemblables. Parmi les chansons qu'elle a réunies on reste surtout sous le charme de "La pocharde", où elle décrit un personnage qui tient à la fois de Zola et de Feydeau, et de "La morphine" dans laquelle elle évoque ces femmes, souvent disciples de Lesbos, toute au bonheur d'avoir découvert des plaisirs inédits. Enrichi par la présence au piano de Jean-Pierre Gesbert - qui lance de temps à autre de piquantes répliques -ce spectacle est un délice. Qui doit beaucoup à la mise en scène d'une fieffée fantaisie de Jacques Verzier.
Jusqu'au 31 décembre Vieille Grille tel 01 47 07 22 11
jeudi 29 novembre 2012
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