Mieux que le fait durant les mêmes années Jules Renard dans Poil de carotte et le feront plus tard François Mauriac et Hervé Bazin, Octave Mirbeau (1848 - 1917) décrit dans ces "Souvenirs d'un pauvre diable"le nid de crotales familial dans lequel il grandit. Enfant rêveur il fut rejeté et constamment moqué par des parents d'une "honnête inintelligence" et par ses deux pimbêches de soeurs. Son talent à décrire cette parentèle à laquelle s'ajouteront deux beaux frères d'une abyssale médiocrité est pure réjouissance. Les chemins de la mémoire le mènent aussi sur les traces d'une vieille et hideuse cousine tourmentée par sa libido. Cette femelle en folie comme il l'appelle lui fera subir un "demi viol"
Entouré d'un père que ses questions d'enfant curieux des choses de la vie embarrassait et qui se plaisait à exercer sur lui son ironie et d'une mère dévote qui ne posa jamais sur son fils qu'un regard dénué d'affection, il s'abîma dans la contemplation des étoiles puis découvrit le plaisir et les déboires que procurent les amours ancillaires.
Anne Revel-Bertrand, la metteuse en scène de ce spectacle qui tient de bout en bout le spectateur en alerte, a tiré de ces mémoires d'un enfant traumatisé un découpage d'une remarquable et savoureuse intelligence. Joué par Patrick Coulais et Yves Rocamora, deux comédiens stupéfiants d'inventivité qui inversent fréquemment les rôles, ce monologue apparaît comme un joyau aussi désespéré que désopilant.
Jusqu'au 22 décembre Théâtre du Marais tel 01 45 44 88 42
mercredi 7 novembre 2012
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