Organisée depuis quelque 12 ans par Lieux publics, une institution qui soutient les artistes - dont l'imagination et le savoir faire se déploient dans la rue et autres lieux auxquels chacun peut avoir accès sans verser une thune et à la tête duquel a été placé l'entreprenant et sagace Pierre Sauvageot - Remue - méninges s'est, comme toujours depuis sa création, déroulé à Pigna, un minuscule village de Haute Corse à la beauté inentamée. Le but est de réunir des directeurs de compagnie armés d'un projet de spectacle pour lequel il souhaiterait trouver un financement.
Se trouvèrent réunis lors de la dernière édition, qui se déroula du 14 au 18 novembre, cinq artistes (terme un peu passe-partout mais je n'en trouve pas de plus adéquat) à savoir Jean-Raymond Jacob metteur en scène de la compagnie" Oposito", Julien Marchaisseau qui a créé le collectif pluridisciplinaire "Rara Woulib", Roger Bernat lequel a eu l'initiative de mettre en place des dispositifs où le public occupe la scène et devient de ce fait le personnage central, Léa Dant dont le "Théâtre du voyage intérieur"lance aux spectateurs une invitation à évoquer ce qui les turlupine et Mohamed El Hassouni dont le "Théâtre nomade", qui se réclame d'une tradition séculaire, est constitué de parades qui traversent des quartiers défavorisés de Salé au Maroc.
Si tous les projets sollicitent la participation du public et seront à l'évidence réalisés avec des moyens mesurés il est carrément impossible de les situer dans un même catégorie. Alors que Jean-Raymond Jacob met depuis de nombreuses années sur pied de gigantesques et ebourriffantes parades qui sillonnent la planète, Julien Marchanseau - qui a passé quelques années de sa jeune vie en Haïti et dit y avoir découvert, à travers sa fréquentation des rituels vaudous, le pays des ombres et des voix - a rassemblé une équipe qui compte des musiciens, des artificiers et des plasticiens. Tous d'une belle envergure. D'un enthousiasme contagieux, il arrive à rassembler et à faire se déplacer des foules de noctambules auxquels il donne le sentiment de maintenir le lien avec ceux qui ont rejoint l'au delà. Lequel semble se situer à Marseille où ses complices et lui sont établis...
Mohamed El Hassouni paraît tout aussi capable d'enflammer les foules. Après avoir fait ses armes en France avec des metteurs en scène d'un théâtre de textes il s'en est retourné au Maroc dont il est originaire et a créé des événements à cheval sur le théâtre et la fête. Il a surtout su se faire apprécier et des autorités et de la population.
Roger Bernat a, lui, présenté un projet qui marque un changement de cap. Alors qu'il regroupait un public nombreux il tente, cette fois, de mettre au point une machine qui ressemble à s'y méprendre à celles où à l'aide de la carte bleue on retire de l'argent. La différence est que celle-ci réduit cet argent en poussières. Ce geste iconoclaste et politique a évidement suscité des discussions enflammées.
Cette foison de rêves sur le point de se réaliser est la preuve que ce qu'on appelle le théâtre de rue a des jours certes difficiles mais aussi exaltants devant lui.
Lieu public centre national de création Marseille tel O4 91 03 81 28
mardi 4 décembre 2012
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