Auteur dramatique et metteur en scène de la plus belle eau, Jean-Paul Wenzel a toujours eu la fibre sociale. Il a, cette fois, demandé à des mineur maghrébins arrivés dans le bassin houiller de Lorraine, il y un demi siècle, de retracer leur parcours. Il s'est, pour ce spectacle en deux volets, essentiellement attaché aux récits que lui ont fait Ahmed (Hamou Graïa, immense comédien), qui quitta la Kabylie à 16 ans, et la paire d'amis que forment Saïd et Omar venus, eux, du sud marocain.
Dans les eaux tumultueuses de leur mémoire flottent les souvenirs d'une arrivée enthousiaste pour l'un, lourde d'humiliations pour les deux autres. Mais ils se souviennent aussi de l'esprit de solidarité qui régnait parmi les mineurs de fond. Mais à la réflexion, et sur les insistances de leurs enfants, ils leur faut reconnaître qu'ils ne furent pas toujours aussi bien accueillis par leurs compagnons de peine qu'ils se le racontent.
Tous trois ont épousés des filles choisies par leur mère. Jamais ces hommes pudiques n'évoquent le désarroi sexuel dans lequel il leur fallu, avant ces noces, longtemps vivre. Le pays d'origine leur était - tant qu'ils trimaient - devenu une terre étrangère. Ce qu'il cessa d'être quand, pour ce qui est du boulot, ils eurent fait leur temps. Mais leurs épouses se sont si bien faites à l'environnement lorrain qu'elles refusent de retourner au "bled" Au cours d'une scène estomaquante l'une d'entre elle qui se retrouve dans le village natal de son mari veut y faire quelques pas. Les hommes qu'elle croise l'insultent. Sidérée, blessée, égarée elle part marcher sans but dans la montagne accompagnée de petits dont elle avait la garde.
Une maladie foudroyante emportera l'une de ces femmes. Son mari est effondré. Mais après les 40 jours de deuil dictés par la tradition, il convolera avec une jeunesse rencontrée au pays. La plupart des enfants de ces exilés trouvent leur société d'origine trop contraignante. L'un d'entre eux qui a tenté le retour sur les terres ancestrales déchantera vite mais essayera de trouver des réponses à ses interrogations dans le Coran.
Des musiciens qui occupent le fond de scène contribuent à plusieurs reprises à mettre les personnages en liesse. Humeur que partage volontiers les spectateurs de tous âges.
Jusqu'au 9 décembre Théâtre Nanterre-Amandiers tel 01 46 14 70 00
vendredi 23 novembre 2012
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