On savait que le collectif de comédiens tg STAN a l'art de rendre cocasse l'univers des auteurs à priori les moins drôles. Ce fut le cas avec Ibsen, Schnitzler et d'autres tout aussi accablés par la propension de leur semblables à aller vers leur perte. Dès les premières scène où des hommes et des femmes à l'accent belge à couper au couteau se retrouvent un été réunis dans la maison de Varja, l'épouse d'un homme d'affaires fortuné et d'une honnêteté douteuse, le rire nous gagne. Mais à ce climat de cabaret se substitue peu à peu, au fur et à mesure que la personnalité des protagoniste émerge, un autre qui tout au long de la représentation oscillera entre la gravité et la comédie.
Varja est le réceptacle des confidences de chacun. Comme aucune relation n'est sans nuages et que les rumeurs prennent feu à une vitesse folle, elle a fort à faire. D'autant qu'insatisfaite de sa vie oisive, elle se trouve engluée dans ses propres tourments.
Gorki écrivit cette pièce afin de dépeindre la petite bourgeoisie cultivée d'avant la révolution bolchevique. Il croque avec une habileté indéniable des personnages aussi hauts en couleur qu'un écrivain sentencieux et vain, qu'une femme à la maturité rayonnante troublée par la passion qu'elle inspire à un garçon de 18 ans, qu'une vieille fille qui se prend pour une poétesse et écrit des vers exécrables, qu'une mère de famille acariâtre qui n' a de plus grandes satisfactions que de déballer ses aigreurs....
Les plupart des acteurs interprètent plusieurs personnages. On s'y perd parfois un brin. Ce qui est de peu d'importance tant on est subjugué par l'accumulations de scènes truculentes superbement (et collectivement) mises en scène et chorégraphiées.
Si les oeuvres engagées de Gorki ont pris un sérieux coup de vieux, il n'en va pas de même des Estivants qui dans l'adaptation concoctée par Jolente De Keersmaker - qui s'est par ailleurs glissée dans la peau de Varja - apparaît d'une incontestable modernité. Au point qu'on on peut y voir un clin d'oeil à nos temps si éprouvants.
Les options esthétiques radicales du tg STAN sont cette fois (c'est loin d'être toujours le cas) les bienvenues.
Dans le cadre du Festival d'automne Jusqu'au 17 novembre Théâtre de la Bastille tel 01 42 57 42 14
vendredi 2 novembre 2012
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1 commentaire:
Je partage ton enthousiasme, Joshka, même
si je ne l'aurais pas si bien exprimé !
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