Cette manifestation une fois de plus fait la part aussi belle à la danse qu'au théâtre, aux metteurs en scène débutants qu'à ceux qui ont fait leurs preuves, à des artistes français qu'à leurs confrères venus de diverses contrées européennes. Ainsi l'allemand Thomas Ostermeyer qui a adapté pour la scène La mort à Venise de Thomas Mann. Difficile de rayer de sa mémoire le film que tira en 1971 de ce court roman Luchino Visconti. Ce qui n'a pas effrayé le directeur de la Schaubühne de Berlin mais l'a au contraire poussé a puisé dans ses souvenirs de cette oeuvre grandiose. Tadzio, le jeune garçon dont s'éprend au soir de sa vie l'écrivain Aschenbach, ressemble à s'y méprendre, tant par son allure que par ses vêtements, au gracieux enfant choisi par le cinéaste. C'est ici non une mère d'une altière beauté mais une femme corpulente - qui semble personnifier le mot gouvernante - qui veille sur lui. Ses soeurs vêtues de noir ont, à l'évidence, été élevées au couvent. Lorsque le spectacle s'achève ce diable d'homme qu'est Ostermeyer a transformé ces vertueuses jeunes personnes en créatures des gouffres, en furies dénudées.
Ebranlé par la passion inextinguible et, comme de bien entendu mortifère, qu'il se découvre pour le bel enfant, le vieil écrivain a, quant à lui, de terrifiantes visions nocturnes. La vidéo qui, tout du long, accompagne la représentation laisse deviner que c'est l'image de lui même dans ses jeunes années qui le jette dans un tel trouble. Ce spectacle bercé par des musiques aussi variées que magnifiques a été co-produit par le Théâtre National de Bretagne. Ce qui explique que le narrateur soit de langue française.
Epris de textes puissants mais qui n'ont avec la scène qu'un rapport lointain, Stanislas Nordey s'est, lui, mesuré à des écrits de Julian Beck et de Judith Malina, un couple new-yorkais qui à la fin des années 60 fonda le Living theater. La création a pour titre "Living!" et est interprété par des comédiens novices qui ont fait leurs classes à l'école du TNB. Jeunes récitants ils se relaient pour dire des textes souvent abondants, toujours imprégnés de l'esprit insurrectionnel qui régnait dans un temps déjà bien lointain. Est-utile de dire combien est émouvant de voir ces très jeunes acteurs adresser au public des discours tenus par ceux qui avaient vingt ans en 1968?
"Gaze is a gap is a ghost" conçue par Daniel Linehan, chorégraphe américain établi en Belgique est nettement moins nostalgique puisqu'il célèbre une technologie censée augmenter les capacités de l'être humain. Trois danseuses qu'on croirait à peine sorties de l'adolescence font une heure durant preuve d'une énergie débordante. Une caméra subjective capte chacun de leur geste ou dédouble l'une d'entre elles. Les mouvements ininterrompus de ce trio désaccordé sont d'une fraîcheur à laquelle on n'est guère habitué.
A en croire ces débuts le festival Mettre en scène, qui en est à sa 16e édition, semble se bien porter.
Jusqu'au 24 novembre Rennes - Quimper - Lannion - Vannes - Brest - Saint Brieuc - Lorient Renseignements 02 99 31 12 31
lundi 12 novembre 2012
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