Il faut entendre le mot exposition du titre dans les deux acception du mot. Blandine Solange qui souffrait de troubles bi-polaires et tint un journal s'y expose, s'y dévoile on ne peut guère plus. Peintre elle expose aussi ses puissantes toiles lesquelles sont projetées sur le mur du fond de la salle. Dans le spectacle concocté par Philipe Adrien la comédienne Marie Micla incarne plus qu'elle ne joue cette femme engluée dans ses tourments. Artistes dont les oeuvres peuvent s'apparentées à celles d'Egon Schiele, elle proposait à des inconnus de poser pour elle, vêtements ôtés. Ce qui lui donnait à l'égard des hommes un sentiment de surpuissance.
Avant de renoncer à la vie elle décida d'écrire à son psychanalyste (qu'elle abreuva, on ne s'en étonnera pas, régulièrement d'injures) de décrire ses années de furie, de restituer en détail des épisodes décisifs de son existence. Ainsi cette relation passionnelle qu'elle eût avec un allemand. Mais la vie quotidienne, constata-t-elle, fatigue l'amour. Après l'exaltation ce fut, comme toujours l'effondrement. La prise de médicaments psychotropes ne changea rien à l'affaire. Ses peintures accrochées, elle décrocha.
Cet écrit, on pourrait dire ce long cri du coeur, a été adapté par la psychosociologue Domnique Frischer qui a eu l'heureuse initiative de demander à Adrien, dont de nombreuses créations tournaient autour de personnage assujettis à des forces inconscientes, de le porter à la scène. Mettre en scène l'émergence du délire, comme il le fait au cours d'un moment mémorable où Marie Micla se couvre de peintures comme si elle était elle même un tableau, ne pouvait que le tenter. Le spectacle qui a le mérite exceptionnel de s'interroger sur les liens qui unissent ou désunissent l'art et la maladie mentale capte de bout en bout l'attention. Il y a quelque chance qu'il soit repris l'été prochain en Avignon. Ce qu'il mérite largement
Jusqu'au 16 décembre la Tempête Cartoucherie tel 01 43 28 36 36
lundi 10 décembre 2012
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