Pour une surprise c'en est une. De surcroit magnifique. L'histoire est celle d'une rencontre entre deux univers à priori inconciliables. L'un qu'incarne Hervé Pierre, sociétaire du Français, est atteint de logorrhée, l'autre que joue l'acteur trisomique Pascal Duquenne (repéré en 1996 dans le film de Jaco Van Dormael Le huitième jour pour lequel il obtint conjointement avec Daniel Auteuil le prix d'interprétation au festival de Cannes) est muet, solaire, espiègle et s'active sans relâche. Le plus sidérant dans ce spectacle conçu avec un véritable génie inventif par le percussionniste et compositeur Roland Auzet est qu'il ne soit pas arcbouté à une recherche de sens. Et c'est un immense plaisir que de découvrir un texte qui ressemble bien davantage à une partition musicale qu'à un fragment littéraire.
Ce texte que le metteur en scène a tiré d'une oeuvre de 300 pages a pour auteur le poète Christophe Tarkos (1963 - 2004) qui contribua grandement au renouveau de cet art discrètement majeur. Dans la filiation évidente tant de Beckett que de Gertrud Stein, il crée , plus qu'eux encore, des situations drôlatiques. Au début le bonhomme dans les nerfs duquel se glisse Hervé Pierre a des mots accablés. Puis apprend, peut être au contact de son comparse, à se réjouir, à partager des jeux de mômes. Ils finiront, tous deux, le visage peinturluré.
Les deux zigues échangent non des mots mais des sentiments et du courage. Au début celui dont l'inflation verbale est si bluffante injurie son partenaire. Un peu plus tard il le prendra dans ses bras. Comédien d'une chaleur humaine peu fréquente, Hervé Pierre arrive, quand il s'adresse aux spectateurs, à les mettre autant à l'aise que s'ils avaient affaire à des personnes bienveillantes de leur entourage.
Ce spectacle en perpétuelle métamorphose bénéficie d'un dispositif scénique incroyablement créatif.Un piano joue seul, les murs se transforment en écrans d'ordinateur sur lesquel défilent des phrases de Tarkos. Doué comme pas deux, le scénographe Goury nous offre la vision d'un monde déréalisé. Où seules les relations- fussent elles improbables- ont le pouvoir d'intensifier la vie.
Jusqu'au 21 décembre Théâtre de la Commune Aubervilliers tel 01 48 33 16 16
vendredi 7 décembre 2012
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1 commentaire:
j'aime bien ta façon de voir ;-)
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