Jean-Louis Martinelli s'affronte pour la troisième fois à une tragédie de Racine. Et tient, cette fois, le bon bout. Non uniquement parce qu'il creuse son propre style avec une vigueur nouvelle mais aussi parce qu'il s'est entouré d' acteurs qui portent la pièce à son paroxysme. Seul, du moins dans mon souvenir, Antoine Vitez avait réussit à faire entendre avec une telle clarté ce texte d'une renversante magnificence.
Dès son arrivée sur le plateau on lit dans le regard de Neron le feu d'un certain dérèglement. Et les membres de son entourage connaissent tous le moyen de faire flamber sa rage. Personnalité à géométrie variable, il semble invariablement se rendre aux arguments de ses interlocuteurs, qui tous font preuve d'une remarquable intelligence tactique. Mais c'est celui qui d'un ton doux lui tiendra les propos les plus séditieux qui l'emportera. Grégoire Oesterman qui tient, et avec quelle maestria, le rôle du redoutable Narcisse faisait remarquer que Britannicus est une pièce où les regards jouent un rôle crucial. Plus que les paroles, qui elles sont souvent trompeuses, ce sont eux qui déterminent le cours des événements.
D'Anne Benoît qui incarne Agrippine d'une voix prenante mais avec une conviction qui fait froid dans le dos (ah! la manière dont elle prend conscience que Neron, son fils, veut s'affranchir du joug de ses bienfait) à Anne Suarez (chavirante Junie) en passant évidement par Alain Fromager (le jeune empereur dont la violence se tient en embuscade) tous nous laissent pantois. Si le spectacle est d'une telle force c'est aussi que Ursula Patzak qui signe les costumes est une incontestable artiste.
On oublie en découvrant un spectacle d'une telle intensité combien ce qu'on appelle les arts vivants vivent des jours incertains.
Jusqu'au 27 octobre Théâtre Nanterre-Amandiers tel 01 46 14 70 00
dimanche 30 septembre 2012
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire