Au cours d'une stupéfiante scène inaugurale des spectateurs qu'on aperçoit de dos regardent dans une salle de cinéma à la décoration kitsch typique des années quarante "Au pays du dauphin vert" un film de Victor Saville qui n' a pas laissé de traces indélébile dans les mémoires. Ce qui n'empêche pas Anne Witgenstein, une chargée de recherche à la cinémathèque, de se prendre d'engouement pour un jeune acteur au visage effilé du nom de Richard Hart dont la carrière fut sans lendemain. Avide d'en savoir plus sur cette étoile filante elle part sur ses traces.
Le spectacle se déroule tour à tour dans les années où le comédien fréquenta Hollywood et son bal des vanités et le début du 21e siècle. Metteur en scène dont on connaît le savoir faire, Jacques Lassale passe alternativement d'une époque à l'autre. Parmi les fantômes du passé surgit Bertold Brecht (rôle qu'étrenne superbement Bernard Bloch) et sont évoqués les interprète Oscar Homolka et Peter Lorre, l'homme de théâtre puis cinéaste William Dieterlé et tant d'autre qui réussirent à fuir la terreur nazie. Une des figures majeures du spectacle est Norma Westmore, directrice de casting à la MGM qui fit de Richard Hart l'un de ses poulain et que l'inquisition maccarthyste poussa à gagner l'Allemagne de l'Est. Ce rôle, le plus important du spectacle, est dévolu à Marianne Basler, devenue depuis quelques années la comédienne fétiche de Lassale.
Lorsque l'Allemagne sera en 1989 réunifiée, elle apprendra comme tant d'autres que le rêve qui l'avait happée d'un monde où règne davantage de justice avait, comme les Etats Unis de l'après-guerre, organisé un système de délation dont, elle avait, via son dernier et silencieux jeune amant, été victime. Tout comme elle le fut par celui dont elle tenta une quarantaine d'années plus tôt de faire une star et qui était, lui, au service du FBI.
On apprend par celle qui traque l'intimité de ce mystérieux garçon que son imprégnation religieuse était si forte qu'avant de revenir à Corpus Christie, le bourg texan où il était né, il se chercha une figure maternelle (ou paternelle) majeure. Ce qu'il trouva un temps en la personne de Norma.
On le voit Christophe Pellet est un homme de théâtre féru de cinéma et fasciné par ses arcanes. On se félicite que l'une de ses pièces soit enfin montée sur une scène française de l'importance du théâtre des Abbesses. Si l'on veut chipoter (ce péché mignon ou pas mignon du tout de ceux qui font profession de commenter les spectacles) on dira que l'épilogue nous a semblé à la fois inutile et emphatique. Mais ce ne sont là que mots de soi disant spécialistes en la matière....
Jusqu'au 6octobre Théâtre de la Ville (aux Abesses) tel 01 42 74 22 77 Ensuite Théâtre des 13 vents Montpelliers
samedi 22 septembre 2012
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