Cette pièce marque un tournant dans l'oeuvre de Florian Zeller. On pouvait jusqu'à présent se montrer dubitatif quant à ses compétences d'auteur dramatique. Il a cette fois façonné au scalpel le portrait d'un homme dont la réalité se dissout dans la déraison et les souvenirs. Ce personnage à l'identité de plus en plus mal cimentée est interprété par un comédien qui a du métier à revendre puisqu'il s'agit de Robert Hirsch ce trésor vivant de l'art théâtral comme on dirait au Japon.
Au cours des premières scènes il est chez lui en compagnie de sa fille que son verbe affranchi et ses élucubrations mettent au supplice. Mais on le devine au fil du spectacle de plus en plus reclus dans son monde. Ses humeurs massacrantes et les innombrables calembredaines qu'il raconte finissent par avoir raison de la patience du compagnon de son aînée. Il en arrive d'ailleurs à ne pas le reconnaître ll voit même sa propre enfant sous les traits de deux femmes différentes. Bientôt il mettra le cap sur son enfance.
Humour et tragique marchent ici de concert. Rien de plus affligeant que d'assister à l'effondrement d'un individu dont les souvenirs sont désormais en charpie. Mais l'acteur est si époustouflant, si savoureux qu'on regarde son personnage, arrivé à l'automne de l'âge, partagé entre l'émotion et la connivence. Robert Hirsch a trouvé en ces acteurs de premier rang que sont Isabelle Gélinas et Patrick Catalifo ainsi qu'en ceux qui tiennent des rôles plus brefs des appuis précieux. Portée par la mise en scène toute en souplesse et délicatesse de Ladislas Chollat - et grâce à un décor conçu avec goût par Emmanuelle Roy - cette production est de celles qui méritent le succès.
Hébertot tel 01 43 87 23 23
dimanche 7 octobre 2012
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