Pendant longtemps Claudia Stavisky, semblait avoir grand mal à montrer l'étendue de ses capacités de metteuse en scène. Les années passant elle se lança de dangereux défis artistiques et sembla à maintes reprises plus sûre d'elle. Elle a, avec cette pièce écrite par Arthur Miller à la fin des années quarante, franchi une étape décisive. Son spectacle est , en effet, celui d'une pointure de la scène.
Se sachant tabassé par le temps qui a coulé, Willy Loman, voyageur de commerce d'un soixantaine d'années a l'esprit qui décroche. La réalité se dissout pour cet homme, qui sait sa carrière et par conséquent sa vie derrière lui, dans les souvenirs mais aussi les espoirs les plus insensés. Il a pour ses deux fils et en particulier pour Biff l'aîné des ambitions tonitruantes. Mais cela sans vouloir savoir qu'à la suite de quelques désastres intimes ce trentenaire n'a cessé de mener une existence ténébreuse. Père et fils n'arrêtent de se molester verbalement. Parfaite femme d'intérieur, comme on disait autrefois, Linda Loman est la vigie de la maisonnée. Si elle se fait des cheveux, jamais elle ne le montre. Bien que torturée par la lucidité, elle s'acharne, mais en vain, à apaiser la mésentente qui pollue l'atmosphère. Happy, le cadet joue les gars à la coule qui préfère draguer à tout va que d'arpenter le terrain poisseux des relations familiales.
Le passé fréquemment s'entremêle au présent. Il fallait pour interpréter ces personnages à différents âges de leur vie, et qui affronteront toujours davantage l'adversité, des acteurs d'élite. Entourant François Marthouret, Hélène Alexandridis compose le rôle de la mère avec une précision confondante. Il fallait pour camper un homme encore jeune à la personnalité teintée du dégoût de soi un interprète qui puisse l'incarner de façon tantôt tempérée, à d'autres moments véhémente. Claudia Stavisky à eu l'heureuse idée de confier ce rôle à Alexandre Zambeaux qui ne craint visiblement pas la traversée des cercles les plus opaques de l'enfer. La troupe qu'elle a réunie, qui comprend aussi Mathieu Samper, Jean-Claude Durand et Mickaël Pinelli, est d'une remarquable homogénéité. Un coup de chapeau aussi au scénographe Alexandre de Dardel et à Frank Thévenon dont les lumières sont une splendeur.
La pièce, on l'aura compris, est à notre époque si accro au profit, plus d'actualité qu'elle ne le fut jamais et surtout pas à sa création au début d'une décennie faste. Ce spectacle à vocation populaire et d'une qualité de tous les instants à tous les atouts pour faire une triomphante tournée.
Jusqu'au 31 Octobre théâtre des Célestins Lyon tel 04 72 77 40 00
jeudi 11 octobre 2012
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