Mariée à une comédienne, Marta Abba, avec laquelle il eut une relation remuante on pourrait même dire dévastatrice, Pirandello considérait qu'il ne connaissait rien à ce que le dramaturge Louis Calaferte appellera "la mécanique des femmes". Plusieurs de ses pièces tournent autour de personnages féminins qui apparaissent comme la proie de forces souterraines. Ce qui est le cas de Donata Genzi ( Emmanuelle Béart), une actrice de théâtre qui se donne totalement à son art. D'un tempérament sensuel et terrien et manifestement fragilisée par sa présence sur une scène dans un rôle écrasant, la vedette du grand écran qu'est celle qui fut Manon des Sources apporte à l'univers cérébral de l'écrivain une touchante humanité.
Venue se réfugier chez une amie qui appartient à une société d'aristocrates qu'elle jugera avec raison toxique, elle préfèrera, plutôt que de passer une soirée en cette compagnie, partir affronter une mer déchaînée avec Eli, un jeune peintre amoureux du danger, qu'elle voit pour la première fois. Ce garçon qui a tout du chien fou la sauvera de la noyade. Commence en sa compagnie une vie nouvelle. Mais l'amour ne pourra pas plus que la scène l'aider à se trouver comme le dit le titre de la pièce.
On connaît la puissance de pensée de l'auteur sicilien. Stanislas Nordey qui en inventant un style qui tient souvent du récitatif s'interroge comme lui sur la relation d'une infinie complexité que le théâtre entretient avec la réalité. Le langage sinueux que tiennent les personnages de la pièce ne pouvait que nourrir sa réflexion. Si quelques uns de ses interprètes ont la parole et la gestuelle trop apprêtée, on ne peut qu'être subjugué par le talent dont fait preuve Vincent Dissez (Eli) et se réjouir de découvrir en Marina Keitchewsky une jeune pousse qui pourrait monter haut.
Le metteur en scène tire habilement parti des vastes dimensions du plateau. Le choix des costumes est, lui, discutable. Mais on a compris que malgré ses imperfections le spectacle est de ceux qui méritent d'être découvert.
Jusqu'au 14 avril La Colline - Théâtre national tel 01 44 62 52 52
samedi 10 mars 2012
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire