Figure de pointe de la scène contemporaine, le metteur en scène polonais Krzysztof Warlikowski creuse à chacune de ses création avec une vigueur nouvelle son propre style. Il s'est cette fois emparé de trois pièces de Shakespeare (Le roi Lear, Le marchand de Venise et Othello) dont il ne retient que des scènes où le héros pète les plombs.Il tombera à l'issue de cet accès de fureur ou d'entêtement dans des gouffres abyssaux.
Sachant pertinemment que nous sommes multiples dans le carcan d'un seul corps, Warlikowski a soin de souligner que les agissements et les paroles de ceux qui entourent le personnage central n'ont rien d'innocent. L'amoureux de Portia, la fille de Shylock entretient une relation érotique avec un homme tandis que Iago, expert en coups tordus, ne débine Desdémone auprès de son époux à la peau noire que parce qu'il a jeté son dévolu sur un favori de la jeune épouse qui, via Othello, tente de favoriser sa carrière.
Les femmes chez Shakespeare sont toujours (lady Macbeth exceptée) des victimes. Le metteur en scène a eu l'heureuse idée de demander à Wajdi Mouawad de leur écrire des monologues éperdus où elles évoquent leur vie mutilée, leurs colères.Dans la troisième et dernière partie du spectacle c'est à l'auteur sud-africain J.M. Coetzee que Warlikowsky sollicite la parole. Le personnage central des 3 pièces du dramaturge anglais est à présent un homme âgé qui atteint d'un cancer n'a plus accès aux mots. Ce sont les femmes qui ont partagé sa vie dont qui se laissent aller à leurs ruminations vengeresses ou à des sentiments plus tendres. Le spectacle se clôt sur un divertissent dansé. Et on le quitte la tête remplie d'un air de salsa...
Si Warlikowski semble, comme chaque fois!, avoir atteint la plénitude de son originalité c'est qu'il sait comme personne marier enchantement visuel et sonore, qu'il est à la tête d'une troupe d'acteurs au jeu d'une haute précision et qu'il est épaulé depuis des lustres par une scénographe de génie (le mot n'est pas exagéré) qui a pour nom Malgorzata Szczesnski.
A l'issue de la représentation Warlikowski ressemble à une pelote de nerfs C'est me dit-il que c'est la première fois que nous jouons dans ce lieu mythique créé par jean Vilar et aujourd'hui consacré à la danse. Nous sommes les premiers à refaire ici du théâtre.Cette responsabilité me terrifie.
Jusqu'au 23 mars Théâtre National de chaillot tel 01 53 65 3O OO
samedi 17 mars 2012
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