Il est d'innombrables façons de mettre en scène les pièces écrites dans une langue résolument dépouillée, répétitive, dénuée de ponctuation de l'écrivain et auteur dramatique norvégien Jon Fosse. Claude Régy en a inventé une lorsqu'il monta "Quelqu'un va venir", Patrice Chereau une autre pour les besoins de "Rêve d'automne". La presque nouvelle venue Emilie - Anna Maillet a trouvé un moyen inédit de mettre en valeur la stylisation minimaliste de cet auteur dont la réputation va grandissant.
Elle et lui (les personnages de Jon Fosse ne portent pas de nom) se croisent dans la rue. Elle, Violaine de Carné, est agitée crie qu'elle est sa nana. Lui, Airy Routier, porte des lunettes, semble errer dans une ville qui n'est pas la sienne, où il a un rendez-vous de travail. Il l'invite dans l'hôtel où il loge. Quand plus tard il lui apporte vêtements, boissons et aliments elle ne semble pas le reconnaître. Ils décident de se retrouver dans un bistrot. Elle ne vient pas. Il la retrouve quelques jours plus tard et lui propose, lui l'homme marié à l'allure pondérée, père de deux enfants, de partir avec lui.
Autour de ces deux êtres dont les phrases restent en suspens passent sans cesse des personnages virtuels, des hologrammes. Ceux qui sont familiers de l'univers de l'auteur savent que les hommes et les femmes qui le peuplent sont confrontés à une solitude sans appel et entourés de fantômes. Nés de leur imagination ou de leur mémoire, peu importe. Emilie-Anna Maillet a résolu la question en créant un théâtre en trois dimensions. Force est de reconnaître que cette trouvaille - qui provoque des moments hilarants notamment lorsque la jeune femme est dupliquée à l'identique en plusieurs exemplaires... - donne au spectacle une amplitude poétique inattendue. Les amateurs d'hallucinations comme les fervents de nos temps numérique ne devraient pas le manquer.
Jusqu'au 14 avril L'Etoile du Nord tel 01 42 26 47 47
jeudi 22 mars 2012
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