samedi 29 février 2020
Les derniers jours Texte et mise en scène Jean-Michel Rabeux
La maladie sans issue flétrit la corps et embrume l'esprit. Jean-Michel Rabeux a la rare capacité d'émailler les situations les plus désolantes de dérapages burlesques. Ce qu'il fait ici avec d'autant plus de brio que Lear, le mourant dont il reconstitue les jours ultimes, était son ami. Pour juguler l'angoisse Pénélope, la compagne et Pylade le complice de toujours le rudoient,ont lorsque la maladie dégénérative devient trop lourde à supporter, des mots furibards et le menacent même, du moins sa partenaire, de le zigouiller. C'est lorsqu'il est entraîné à la dérive que Lear, qui fut comédien, se souvient ou invente des pics de gloire. Il est des moments où ses proches incapables de ne vivre que dans l'affliction se mettent à danser et qu'une chanteuse entonne de superbes couplets. La cérémonie funèbre devient alors comme dans les dernières pièces de Copi quasi aussi attrayante qu'une comédie musicale. Le metteur en scène na jamais craint la malséance. Elle est ici une bouée de sauvetage. Ce dont les proches ont un pressant besoin. Lear, dont le discernement est toujours davantage altéré, a en effet à l'égard de Pénélope des phrases d'une crudité assassine. Si l'auteur arrive à mette de si loufoque façon à nu des situations éprouvantes, c'est qu'il est épaulé par Claude Degliame, sa comédienne fétiche, qui, comme à son habitude joue avec éclat une partie on ne peut plus ardue. Ses partenaires Olav Benestvvedt (Lear) et Yann Métivier (un Pylade qui déborde de vie) sont au diapason. L'idée de ne pas s'encombrer d'un décor et d'accessoire autres que de plumes qui s'accrochent aux cintres et s'éparpillent sous les pas des comédiens rappellent, quant à eux, que la mort si elle ne peut que triompher ne nous empêche pas de savourer l'instant. Jusqu'au 22 mars Théâtre du Rond-Point tél 01 44 95 98 21
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