samedi 8 février 2020

Histoire de la violence d'Edouard Louis

Après Retour à Reims dans lequel Didier Eribon fait le récit de ses retrouvailles avec les membres de sa famille perdue de vue depuis des années, Thomas Ostermeyer adapte à nouveau, pour le théâtre à sa façon d'une invention sans égale l'aventure qui a mal tournée que raconte dans Histoire de la violence Edouard Louis.Une nuit de Noël il rencontre dans la rue un garçon à la mine engageante qui répond au nom de Réda.Celui-ci, comme il le dit à Edouard, est d'origine kabyle. Ludique, leur nuit d'amour cesse de l'être au réveil. Alors que Edouard est sous la douche, son amant lui barbote son portable. Lorsqu'il est devenu clair qu'il est introuvable, Reda devient agressif, reproche à son compagnon d'insulter sa mère, l'injurie le menace d'un flingue, le viole. Son humeur est changeante. De brutal, il redevient tendre puis pique une nouvelle colère. Restée seule la victime qui est aussi le narrateur est en proie à un effondrement intérieur. Après être resté longtemps prostré, il se décide de se rendre à la police et à un service médical. Ceux qui le reçoivent ne cachent pas le mépris que leur inspire "les arabes". Il se bute aux mêmes préjugés, mais plus dissimulés, chez sa soeur et son mec auprès desquels il a, comme il le dit, l'erreur d'aller se réfugier. Chez eux il retrouve, comme chez les autres membres de sa famille avec lesquels il a pris ses distances, l'étau de l'homophobie. Il est ainsi question tout du long des préjugés et de la maltraitance dont sont la proie ceux qui par leur appartenance ethnique ou leur préférence sexuelle apparaissent différents du commun des mortels. Les comédiens, à l'exception de celui qui incarne Edouard, changent fréquemment de rôle et d'identité. Tous font des étincelles Ils sont épaulés par un batteur qui ne quitté pas la scène. Si la vidéo qui accompagne la représentation apparaît au départ agaçante elle nous fait au final entrevoir davantage encore le marasme dans lequel la société qui est nôtre nous englue. Une fois encore Thomas Ostermeyer nous convie à découvrir un spectacle qui nous remue au plus profond. Ce qu'il ne fait jamais mieux que quand il dirige, comme ici, des acteurs de langue allemande. Jusqu'au 15 févier Théâtre de la Ville Les abbesses tél 01 42 74 22 71

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