lundi 4 février 2019

Heptameron. Récits de la chambre obscure

Benjamin Lazar a le chic pour réaliser des spectacles dans lesquels s'imbriquent avec bonheur musique et théâtre. Il mêle, cette fois, à des récits écrits par Marguerite de Navarre, femme de haute noblesse (elle était la soeur de François 1er) et de lettres et par Boccace des madrigaux de Monteverdi et d'autres compositeurs de la même époque, c'est à dire de la fin de XVIe siècle et du début de XVIIe. Instruite des vices comme des vertus des humains, la dame a laissé avec l' Heptameron un recueil de nouvelles dont les personnages au départ tout à leur allégresse ou à leur rêves finissent par le payer cher. L'histoire née de la plume de Boccace (qui fut adaptée au cinéma par Pier Paolo Pasolini) est tout aussi cruelle mais ne tarde pas à verser dans le merveilleux. Comme ce sont des conteurs électrisants qui nous les donnent à entendre on est sous le charme. Ils sont de temps à autres relayés par Geoffrey Carey qui appartient au mince peloton des comédiens dont la présence est un enchantement. Il évoque, lui, des moments d'une telle étrangeté qu'ils sont restés fichés en lui. Si la musique recèle, de son côté, des harmonies exquises c'est que les musiciens dirigés par Geoffroy Jourdain, sont, eux aussi, choisis avec discernement. Une mise en scène sans apprêts privilégie des éclairages d'une remarquable finesse. La dernière partie où la lumière dispensée par des bougies le dispute à l'ombre laisse un sentiment de douce mélancolie. Aussi belles qu'elles soient les images du cinéaste Joseph Paris, qui par instants accompagnent le spectacle, nous donnent du monde une vision nettement plus apocalyptique. Jusqu'au 23 février Théâtre des Bouffes du Nord tél 01 46 07 34 50

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