Victimes d'un naufrage, Iphicrate (Stephane Varupenne) et Euphrosine (Catherine Sauval) accompagnés de leurs esclaves Arlequin (Jérémy Lopez) et Cléanthis (Jennifer Decker) trouvent refuge sur une île où les rapports de classe sont inversés. Surgi Trivelin (Nazim Boudjenah), le maître des lieux et habile manoeuvrier qui leur ordonne d'échanger leurs statuts, leurs noms et leurs habits. N'étant plus sous la coupe de son maître, Arlequin se gausse de lui et lui rappelle combien souvent il le roua de coups. Véritable boule de ressentiments, Cléanthis s'exprime plus rondement encore. Alors que Iphicrate semble accepter son sort, Euphrosine ne cache pas qu'elle l'a mauvaise.
Appartenant désormais à la race des seigneurs, les deux affranchis ont les chevilles qui enflent. Ils ne tardent pas à singer l'allure altière de leurs anciens maîtres. Mais reconnaissent rapidement que les voilà "aussi bouffons que nos patrons". Ils savent par ailleurs que Trivelin n'apprécierait pas qu'ils abusent de leur nouvelles prérogatives. Dans cette pièce en un acte à l'écriture ciselée, Marivaux fait valoir qu'il n'y a pas de méchants nantis d'une part et d'inoffensifs serviteurs de l'autre. Chacun est capable de se conduire en despote. Esprit d'une exceptionnelle subtilité, l'écrivain fait découvrir les fêlures insoupçonnables de tous les personnages de sa pièce.
Benjamin Jungers, jeune pensionnaire du Français remarqué dans de nombreux rôles, signe ici sa première mise en scène. Sa grande sureté dans la direction des acteurs impressionne. La Comédie Française s'est montrée ces dernières saisons chiche en bonnes surprises. En voilà une. Faite pour séduire petits et grands.
Jusqu'au 13 avril Studio-Théâtre tel 01 44 58 98 58
jeudi 13 mars 2014
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire