Les efforts de Joël Pommerat pour se forger une identité de metteur en scène particulier ont porté leurs fruits. Il ne se contente pas aujourd'hui d'aligner les succès comme des perles, il s'offre aussi le luxe de tirer du sommeil (comme il l'écrit lui-même) des pièces qu'il écrivit et monta il y a quelques années. Ce qui est le cas de "Au monde" créé en 2006.
La famille au sein de laquelle il nous introduit est celle d'un marchand d'armes dont la vie est en voie d'extinction. Il vit entouré de ses trois filles - dont l'une a été adoptée pour remplacer une morte... - et attend le retour de son plus jeune fils qui a fait carrière dans l'armée. C'est à lui qu'il destine la conduite de ses affaires. Mais ce projet n'emballe à l'évidence guère cet homme qui semble muré dans un monde intérieur.
La maître d'oeuvre ne se borne pas, on le devine, à brosser le portrait d'une tribu qui appartient à la classe dominante. S'attachant en priorité à l'une des filles devenue présentatrice sur une chaîne de télévision, il réussit le tour de force de faire voir combien est biaisée la perception de la réalité des favoris de la fortune. On peut reprocher à ce personnage de parler à profusion, ce qui finit par le rendre agaçant. C'est là la seule réserve que peut susciter ce spectacle qui est pour le reste aussi prenant que les productions plus récentes de cet artiste si justement en vue. On y retrouve, en effet, le climat de pesanteur palpable et envoûtante et les soudaines incongruités (comme les brusques apparitions d'une chanteuse à la présence d'une affolante sensualité) qui sont la signature de Pommerat.
Jusqu'au 19 octobre Odéon -Théâtre de l'Europe tel 01 44 85 40 40
lundi 23 septembre 2013
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