Un rire fuse. Celui d'une femme qui marche dans son salon en ressassant ses pensées à voix haute. "je me débrouille très bien toute seule" dit-elle puis ajoute"Mais je ne suis pas seule. Je n'ai jamais été seule. J'ai toujours été seule. Je n'ai jamais été pas seule" Puis de se demander : "Pourquoi il ne vient pas. Il ne rentre jamais aussi tard" Et le spectateur d'éprouver un sentiment d'étrange familiarité. Ces phrases ont maintes fois surgies en lui.
Arrive l'homme. Il est fatigué. Un rien agacé par l'amour dont l'enveloppe la femme. Mais peut-être n'est-il pas présent, n'est-il qu'un souvenir qui a pris corps. Plus tard il a à ses côtés une autre femme qu'il supplie de ne pas le quitter. Chez le norvégien Jon Fosse, nouveau fleuron de la scène internationale, le passé ou possiblement le futur ne cesse de s'infiltrer dans le temps présent. Dans les pièces de cet écrivain, qui semble suivre une voie ouverte par Beckett, le temps se déréalise. Des être absents mais qui habitent nos pensées peuvent être d'une compagnie plus intense que les créatures en chair et en os qui nous font face.
Le metteur en scène Marc Paquien a su faire résonner et rendre envoûtante la "musique" si singulière écrite par Jon Fosse. Il fallait évidement pour interpréter cette partition des acteurs qui allient le métier à l'intuition. Ce qui est le cas de Ludmilla Mikaël, souvent seule avec ses fantômes sur le plateau, mais aussi de Patrick Catalifo et de la jeune Agathe Dronne.
On connaissait surtout en France l'univers de Jon Fosse par la vision qu'en a eu son découvreur Claude Régy. On découvre qu'en respectant la vigueur rythmique conseillée par l'auteur dans les notes qui accompagnent le texte les comédiens nous emportent vers des contrées inexplorées.
L'Oeuvre, 55, rue de Clichy Paris 75009 tel 01 44 53 88 88
jeudi 19 septembre 2013
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