mercredi 2 octobre 2013

Le triomphe de l'amour de Marivaux

Accompagnée d'une servante, comme elle déguisée en homme,  la princesse de Sparte, s'introduit  dans la demeure du philosophe Hermocrate qui y vit avec sa soeur, une femme de moeurs austères. Vit camouflé dans les mêmes lieux Agis, le fils des anciens rois,  qu'elle a aperçue dans un bois et dont elle s'est aussitôt éprise.
Avec la désinvolture arrogante des êtres favorisés par la fortune, elle  mijote, avec sa suivante  un plan pour approcher celui qu'elle considère déjà comme son promis. Usant de discours étincelants d'habileté et changeant d'identité sexuelle comme de chemises, elle réussira à faire croire au philosophe comme à la soeur qu'elle (ou il!) en pince pour eux.   Voletant de l'un à l'autre elle en fera les victimes collatérales de son  entreprise.
Le metteur en scène Galin Stoev  s'était déjà mesuré à Marivaux la saison dernière à la Comédie Française où son "Jeu de l'amour et du hasard" reçut un accueil favorable. Il a eu cette fois l'idée extrêmement heureuse de faire endosser tous les rôles par des hommes. Et c'est bonheur de voir Nicolas Maury jouer les prestidigitateurs verbaux, faire mine de roucouler, se refaire une beauté ou  clouer le bec à qui se plaint de ses agissements. Autour de lui virevoltent quelques  personnages  savoureux tels que la soeur tentée de vivre sa vie qu'interprète avec une finesse et un humour exquis Airy Routier et la servante, complice avisée de sa maîtresse à qui Yann Lheureux prête tantôt une grâce toute féminine, tantôt des airs de gamin espiègle. Une mention spéciale aussi à Bjanca Adzic Ursulov dont les costumes sont une merveille
On savait Marivaux fasciné par les ambivalences de l'amour. Comme me le faisait remarquer un ami, il franchit avec cette pièce un tel cap qu'on en arrive à songer à Théorême de Pasolini. Chacun, en effet se retrouve transformé, libéré du rôle dans lequel il s'était enfermé,  par sa rencontre avec la rouée  princesse . Pas plus que ne le fera le poète et cinéaste italien, Marivaux  n'est convaincu que cette transformation soit une aubaine.

Jusqu'au 20 octobre TGP (centre dramatique national de Saint -Denis) tel 01 48 13 70 70

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