Vingt six ans après sa création cette pièce qui lança la carrière de Philippe Minyana est remise sur le métier par la même équipe de comédiennes (Judith Magre, Edith Scob, Florence Giorgetti) que dirige Robert Cantarella, le metteur en scène qui les avait rassemblées. Les coups de râteau n'ont pas été épargnés aux trois femmes qui participent au marathon de la parole , une émission grand public au cours de laquelle elles racontent des fragments d'un passé enseveli. Leurs épanchements verbaux sont régulièrement interrompus par l'animateur de l'émission. Ce qui ne semble guère gêner ces dames dont le verbe parfois à la limite de l'obscène est pur délice.
Minyana s'est inspiré pour esquisser le portrait ces bonnes femmes (pour reprendre le titre d'un film particulièrement réussi de Claude Chabrol) de personnes qu'il a côtoyé et dont il a évidement modifié le caractère et le parcours. Quelle que soit sa déroute, aucune jamais ne geint. Leurs paroles affranchies les aident visiblement à passer à pertes et profits les coups de semonces de l'existence.
Chacune se pointe avec un objet (un lampadaire pour l'une, une cuvette pour une autre, une robe aux couleurs stridentes à la mode du début des années cinquante pour la troisième) qui fait remonter des grands fonds un flot de souvenirs. Surgissent ainsi d'une fourmilière d'anecdotes un mari cogneur, un autre militant politique portugais réfugié en France, des enfants volatilisés, une tuberculose qui a pu être soignée...
A sa création ce spectacle avait ébloui par la virtuosité dont faisaient preuve les comédiennes. Aujourd'hui il nous touche au plus profond. La pièce n'a , il est vrai, pas pris une ride et les interprètes sont si délectables qu'on serait tenté de conseiller aux apprentis comédiens d'aller découvrir de quel bois elles se chauffent.
Jusqu'au 24 janvier Théâtre de Poche Montparnasse tel 01 45 44 50 21
mercredi 6 février 2013
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