jeudi 21 janvier 2016
Déjeuner che les Wittgenstein de Thomas Bernhard
Thomas Bernhard avait pris son époque en dégoût et ne se privait pas de le dire haut et fort. Wittgenstein, philosophe interné en hôpital psychiatrique ressemble par d'innombrables traits à l'écrivain. Dene, sa soeur aînée a décidé de le faire réintégrer la maison familiale, ce que Ritter, la cadette n'approuve pas. Wittgenstein, lui-même, n'a nullement l'intention de s'attarder dans ce lieu qu'il compare à un caveau mortuaire. Au cours d'un déjeuner préparé avec une ardeur inquiétante par Dene qui a pour son frère un engouement sans borne, celui-ci se déchaîne. Il vomit le monde où la vulgarité gagne chaque jour du terrain, s'en prend à ses soeurs, toutes deux comédiennes, qui ont, assène t-il, sombré dans le théâtre. Il n'est pas plus tendre avec les peintres contemporains qu'il considère comme des non-artistes. Seule la musique trouve grâce à ses yeux. Il s'en prend enfin à leurs défunts parents, gens aux revenus extrêmement confortables qui les ont, ses soeurs et lui, si piètrement façonnés. Tandis que l'aînée, qui a joué sans succès les parfaites maîtresses de maison, se lamente puis s'effondre, la seconde bibine à tout va. Ce qui caractérise la plupart des pièces de Thomas Bernhardt est leur férocité comique. Fine connaisseuse du théâtre germanique, Agathe Alexis, qui assure la mise en scène , a su fait surgir tout le suc de cette pièce fourmillante de réflexions et d'interrogations sur une société qui marche sur la tête. Les trois comédiens, Yveline Hamon, Agathe Alexis et Hervé Van Der Meulen exécutent leur partition avec un tel brio qu'on serait tenté d'assurer aux interprètes en herbe, aujourd'hui en si grand nombre, qu'ils peuvent tirer de leur jeu si parfaitement rythmé un véritable enseignement.
Jusqu'au 1er février Théâtre de L'Atalante tel 01 46 06 11 90
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