mercredi 9 décembre 2015
Roméo et Juliette de William Shakespeare
Force est de le reconnaître : les mises en scène de Roméo et Juliette réalisées en France ces dernières années n'ont guère marquées les mémoires. Il en va tout autrement de celle que propose Eric Ruf. Plutôt qu'à Vérone (néanmoins citée) le drame se joue dans le sud de la péninsule, région imprégnée de traditions archaïques où, comme l'écrit Ruf dans le dossier de presse, la chaleur échauffe les esprits. Dès l'instant de leur rencontre, Roméo qui jusqu'alors se languissait d'amour à tout bout de champs et Juliette, jeune fille d'un tempérament qu'elle croyait réservé, vont être transportés par les mots qui s'échappent de leurs lèvres. Le besoin d'en découdre de leurs cousins respectifs va faire couler le sang. Pas question pourtant pour les deux quasi enfants de renoncer l'un à l'autre. Et la tragédie de se tisser, ponctuée de refrains mélodieux. Et marquée de temps forts tels la scène du balcon aussi inattendue que gracieuse, les monologues de Juliette (Suliane Brahim d'une grâce infinie), les accès de colère de Capulet, le père de Juliette, qui oubliant ses bonnes manières balance à sa fille des injures d'une crudité jubilatoire (Didier Sandre à qui l'occasion est offerte de faire montre de son effarant savoir faire). Claude Mathieu impose, quant à elle, une nourrice haute en couleur, tour à tour mère de substitution et complice dénuée de lucidité tandis que Serge Bagdassarian compose avec son habituelle truculence un Frère Laurent dépassé par les événements. Contribuent enfin à ce que le spectacle laisse une trace mémorable les robes d'une allure folle ou ravageuse taillées par Christian Lacroix et les lumières conçues par Bernard Couderc qui soulignent l'étroit passage de la nuit au jour et de l'euphorie au chagrin. Jusqu'au 30 mai Comédie-Française-Salle Richelieu tel 08 25 10 16 80
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