samedi 3 octobre 2015

Finir en beauté de Mohamed El Khatib

Curieux qu'en ces années de vaches maigres apparaissent sur les scènes tant de nouveaux talents. Mohamed El Khatib est l'un d'eux. Et pas des moindres. Sachant sa mère sur le départ de la vie, il décide de la filmer. Puis se ravise. La délicatesse est à l'oeuvre dans ce spectacle où face au public il raconte les derniers moments de cette femme âgée de 62 ans. Après avoir lu les notes parsemées d'anecdotes savoureuses qu'il a conservées, il fait lire et entendre sur un écran de télévision (on pense là à la manière pudique qu'a le cinéaste Alain Cavalier d'évoquer ses plus intenses douleurs) les échanges qu'il eût avec sa mère hospitalisée et, il le sait, incurable. Les carnets ont aussi retenus les paroles mauvaises à entendre du personnel médical. Lorsque certains membres de son entourage ou des responsables religieux ont des réflexions disons déplacées - comme cet oncle qui, quelques jours après la mort de la mère et dans les moments qui suivirent son inhumation au Maroc, lui affirme qu'il faudrait à présent que son père reprenne femme - il sait avoir le trait délicieusement incisif. Impensable de ne pas se sentir concerné par ces adieux à un être chéri. C'est pourquoi laissant le public à ses propres chagrins, Mohamed El Khatib s'éloigne sans saluer. Jusqu'au 23 octobre Théâtre de la Cité Internationale (merveilleux lieu de créations sérieusement menacé de fermeture) tel 01 43 13 50 50 Le texte est paru aux "Solitaires intempestifs"

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