mercredi 11 mars 2015

Toujours la tempête de Peter Handke. Mise en scène Alain Françon

Errant sur la lande où il a grandi, le narrateur (Laurent Stocker) retrouve les fantômes des membres de sa famille. Sa mère (Dominique Reymond), sa grand -mère (Nada Strancar), son grand - père (Wladimir Yordanoff), sa tante (Dominique Valadié), ses oncles (Gilles Privat, Stanislas Stanic, Pierre-Félix Gravière) sont là, tout sourire. Ces retrouvailles avec le temps perdu commencent dans les années trente, peu avant que ne tombe la nuit de l'oppression. La famille de paysans, dans laquelle il est au début du spectacle un nouveau né, appartient à la minorité slovène installée en Carinthie autrichienne. Son attachement à son identité et par extension à son dialecte apparaît viscéral. L'anschluss, qui porte les nazis au pouvoir, est pour cette population slave une catastrophe. Certains sont obligés d'aller combattre aux côtés des occupants. D'autres vont rejoindre les partisans. La mère attend un enfant d'un soldat allemand avec lequel elle vit une passion. Le narrateur verra ainsi le jour. Les grands parents, quant à eux, subiront les assauts du malheur. Il ne fait pas de doutes que Peter Handke s'est inspiré pour écrire cette pièce de l'histoire des siens. Mais cette histoire il l'a surtout rêvée. Chacun des personnages a des traits attachants. Il est indubitable que les morts sont plus aimables que les vivants. Surtout quand on affiche parfois sa misanthropie comme l'a fait cet écrivain qui compte parmi les plus emballants de notre temps.La confrontation du narrateur avec l'un de ses oncles qui a versé dans l'amertume en dit long sur l'humeur dans laquelle il arrive à Handke de baigner Alain Françon ne semble pas avoir eu de peine à faire sien cet univers. Les lumières délicates conçues par Joël Hourbeigt et une distribution de rêve font de cette création un des moments forts de la saison. Jusqu'au 2 avril Odéon -Ateliers Berthier tel 01 44 85 40 40

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