dimanche 1 mars 2015
Les larmes amères de Petra von Kant de Rainer Werner Fassbinder
C'est avec Les larmes amères de Petra von Kant, film qu'il réalisa en 1972, que Fassbinder se fit connaître en France. Si un grand nombre de ses oeuvres suivantes sont celles d'un créateur qui brossa avec rage, douleur et un sentiment d'extrême urgence une peinture de l'Allemagne de son temps (1945-1982), on considérait cet ouvrage de ses débuts trop maniéré pour compter parmi ses réussites. Thierry de Peretti, qui a eu la bonne idée de la monter, nous fait découvrir que l'excès de maquillages et de poses lascives des personnages du film cachaient un trésor. Petra von Kant est une styliste en vogue dont la vie amoureuse est un fiasco. Une fidèle femme à tout faire (Lolita Chammah), qu'elle houspille constamment, la suit comme son ombre.Surgit dans son appartement au décor de diva (conçu avec une visible délectation par Rudy Sabounghi)une créature dont la jeunesse refuse d'être asservie. Ce qui séduit Petra. Mais chez Fassbinder le ravissement d'aimer jamais ne dure. C'est en connaisseur qu'il décortique les comportements et sentiments de Petra, véritable championne de l'excès. Sa trop aimée finit par la fuir. Et l'impérieuse styliste de partir en vrille. Les visites de sa fille, d'une amie et de sa mère ne sont pas faites pour apaiser ses nerfs. Fassbinder qui eût une mère à qui il réussit (dans le film semi documentaire L'allemagne en automne) à faire avouer qu'elle appartenait au parti nazi, décrit des femmes - pour leur malheur et celui de leur entourage - sans homme et incapables d'égards vis à vis de leur propres enfants. Disons le tout net : l'interprétation de Valéria Bruni Tedeschi nous laisse subjugué. Cette comédienne, que le cinéma a contribué à faire connaître et apprécié mais qui fit peu de théâtre, joue avec un tel naturel qu'on pourrait croire qu'elle joue sa propre peau. Marisa Borini, sa vraie mère l'est aussi sur scène. Ce qui bien sûr avive le trouble dans laquelle nous plonge le spectacle. Thierry de Peretti, sans doute l'un des metteurs en scène les plus prometteurs de sa génération, a demandé à son complice de toujours, Sylvain Jacques, de lui concocter une bande musicale présente tout au long de la représentation. Son choix, qui comprend ses propres compositions et des extraits d'oeuvres les plus variées, est impérial.
l'Oeuvre tel 01 44 53 88 88
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