jeudi 20 novembre 2014

George Dandin de Molière.

Roger Planchon qui au début de sa carrière mit en scène cette courte et cruelle pièce de Molière considérait qu'elle avait pour objet la lutte des castes. Il n'avait pas tort. Le riche paysan George Dandin a pris pour épouse, Angélique, fille d'un couple d'aristocrates ruinés. Il payera cher cette "mésalliance". Les Sotenville, ses beaux parents se goinfrent à ses frais et n'ont de cesse de l'humilier. Pourvu sur le plan des biens, il ne l'est ni sur celui du langage, ne sur celui des manières. Au cours d'une scène de repas particulièrement réussie, son manque de tenue donne l'occasion au couple de parasites à particules de lui faire entendre combien il leur est inférieur.Angelique, elle, se laisse conter fleurette par un "homme de qualité". Dandin s'emploiera, mais en vain à confondre sa jeune épouse qui douée d'une stupéfiante énergie verbale saura se tirer d'affaire. Elle se fait d'autant plus facilement passer pour une oie blanche aux yeux de ses parents que ceux-ci ne tiennent pas à ce qu'elle se sépare d'un mari aussi fortuné que Dandin. Celui-ci, victime d'un véritable trouble de la personnalité se verra contraint de présenter des excuses à celle qui l'a bafoué. Personne dans cette pièce, qui sous couvert de farce décrit la tragédie d'un homme qui croyait s'élever dans la hiérarchie sociale en liant sa vie à celle d'une jeune noble - n'est sympathique. Les discours que tient Angelique (qui peuvent sembler féministes avant la lettre) ne sont balancés que pour duper son époux. Le spectacle un peu trop sage bénéficie d'une scénographie (conçue par Eric Ruf) au départ surprenante et qui se révèle d'une belle efficacité. On retiendra aussi un final déchirant au cours duquel Simon Eine apparaît comme un double du vieux serviteur Firs que les habitants de la Cerisaie de Tchekhov ont oublié dans la demeure abandonnée. Jusqu'au 1er janvier Théâtre du vieux Colombier tel 01 44 39 87 00

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