dimanche 5 octobre 2014
Yvonne, princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz
Grand pourfendeur du confort moral, Witold Gombrowicz n'ignorait rien de ses pulsions les moins avouables. Et s'attacha, tout au long de son oeuvre romanesque et théâtrale, à des personnages qui regardent les autres non comme des semblables mais avec la curiosité de l'entomologiste.
Yvonne, princesse de Bourgogne débute dans le climat onctueux d'une cour royale composée du roi Ignace, de la reine Marguerite et du prince Philippe . Les hommes ont chacun une âme damnée, complice de leurs méfaits alors que la reine plus solitaire a pour tout entourage des suivantes dont les rires n'arrêtent de fuser. Histoire de tromper son ennui, le prince jette son dévolu sur Yvonne, un laideron apathique à qui il dit tout de go "Quand on vous voit, il vous vient des envies de se servir de vous, de vous tenir en laisse et de vous botter le train..." C'est cette femme on ne peut plus disgracieuse qu'il annonce avoir choisi pour épouse à ses illustres parents.
Découvrant le sentiment euphorisant qu'avec une personne aussi démunie qu'Yvonne tout est permis, le prince donne libre cours à son sadisme. La reine - qui épanche son mal être en écrivant dans ses carnets intimes des poèmes débordant d'auto-apitoiement - a le sentiment que la future de son fils exhibe par sa seule présence le ridicule de ces écrits. Il devient bientôt pour tous clair qu'il faut au plus vite machiner un mauvais coups qui permettra de se débarrasser d'Yvonne, reflet d'une société défaillante.
Yvonne, princesse de Bourgogne n'a jamais été montée en France que sous le ton d'une farce. Il n'en va pas de même avec la mise en scène de Jacques Vincey dont le spectacle est tour à tour glaçant et d'un burlesque échevelé.Comme on a déjà pu le remarquer quand il s'attaqua au Belvédère de von Horvath, aux Bonnes de Genêt ou à Madame de Sade de Mishima, ce metteur en scène - à qui Aurélie Filipeti à eu l'heureuse idée de confier le sort du Centre dramatique régional de Tours - sait traduire, comme peu y parviennent, le sentiment d'enfermement dans leurs misérables tas de névroses qui est le propre des personnages nés sous la plume de la plupart des authentiques auteurs du XXe siècle.
Une distribution particulièrement bien choisie (qui comprend Hélène Alexandridis, Alain Fromager, Jacques Verzier et les jeunes Thomas Gonzalez et Marie Rémond) font de de ce spectacle le plus réjouissant de la rentrée.
Jusqu'au 11 octobre Théâtre Olympia Centre dramatique régional de Tours tel 02 47 64 50 50
les 15 et 16 oct CDN Thionville-Lorraine tel 03 82 82 14 92
4 au 7 nov Nouveau Théâtre d'Angers tel 02 44 01 22 44
12 au 14 nov Comédie de Béthune 03 21 63 29 19
Du 18 au 30 nov Théâtre 71 Scéne Nationale - Malakoff 01 55 48 91 00
du 3 au 7 déc Théâtre National de Bordeaux 05 56 33 36 80
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