Pas une année sans que la troupe née en Belgique tg STAN ne vienne faire un tour - souvent avec plusieurs spectacles - au Théâtre de la Bastille. Les comédiens réussissent habituellement la gageure de faire rire avec des textes qui n'ont à priori rien de désopilant. Ce qui n'est pas le cas avec Mademoiselle Else, une nouvelle de l'écrivain viennois Arthur Schnitzler (1862 -1931) fréquemment adaptée au théâtre.
Alors qu'elle est l'invitée d'une parente dans un lieu de villégiature, Else, une jeune fille issue d'une bourgeoisie prétendument aisée reçoit une lettre de sa mère la priant de se montrer sous son jour le plus charmant avec un ami de la famille excessivement fortuné et à peine plus âgé qu'elle d'une trentaine d'années. C'est que le père d'Else est menacé de prison pour dettes et qu'une aide financière le sortirait sans peine d'affaires.
Ses babillages internes aident l'adolescente à maîtriser ses émois. Ses tractations avec l'ami de la famille sont d'une exquise hypocrisie. Else arrive à merveille à masquer son dégoût. En peu de temps elle a appris que l'humanité (ou du moins les gens de son milieu) ne gagne pas à être fréquentée de trop près.
Schnitzler avait la réputation de pousser ses portraits au noir. Ce qu'il réussit ici parfaitement et lui valu la renommée- surtout après l'écriture de La ronde, son oeuvre la plus célèbre - d'être un écrivain subversif. Freud, qui fut son contemporain, évita de le rencontrer car, disait-il, nous avons une vision trop semblable du genre humain…
Alma Palacios qui incarne Else a le port d'une danseuse et la fragilité d'une enfant qui doit, jusqu'à ce que les événements la broient, se maintenir à flot. Frank Vercruysen, sans doute l'un des fondateurs de la troupe joue plusieurs rôles y compris celui d'une servante. Comme la majorité des créations du tg STAN, Mademoiselle Else fait de belles audiences. Ce qui est justice. Il ne reste malheureusement que peu de temps à l'affiche mais sera succédé par Scènes de la vie conjugale d'Ingmar Bergman dont on peut sans craindre s'attendre à ce qu'elles soient d'une force égale.
Jusqu'au 8 février Théâtre de la Bastille tel 01 43 57 42 14
jeudi 6 février 2014
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