Puisant dans l'oeuvre écrite avec l'encre de la postérité de MarcelProust, Robin Renucci, Bernadette Laffont et Xavier Gallais se sont offerts une tranche de bon temps. Qu'ils font partager aux spectateurs. A Robin Renucci revient la part la part la plus chagrine de ce monument littéraire puisqu'il lit les passage du début de la Recherche où l'auteur parle sans détour de son attachement à sa mère et qu'il s'afflige, en évoquant ses jeunes années, que la possibilité de telles heures ne se renouvelleront jamais. Les deux autres comédiens lisent des extraits où l'écrivain donne toute la mesure de sa vive ironie. Ainsi la gouailleuse Bernadette Laffont dresse le portrait de madame Verdurin qui un jour alors qu'un de ses convives lâchait une faribole s'était décroché la mâchoire parce qu'elle avait trop rit. Xavier Gallais, comédien incontestablement doué mais qui a parfois tendance à en faire un poil trop, relate les turpitudes du baron de Charlus. On se souviendra avec délectation de ce moment où le narrateur découvre après avoir vu l'aristocrate s'enfermer dans une chambre en compagnie de Jupien "qu'il y une chose aussi bruyante que la souffrance, c'est le plaisir".
Véritable prestidigitateur verbal, Proust approche ses personnages au plus intime en se bornant à décrire quelques scènes dont ils sont les acteurs. Ainsi la tante du futur homme de lettres qui tous les matins jacasse avec sa domestique et pour qui l'arrivée dans le village de Combret d'un chien inconnu est un événement ou les propos vinaigrés qu'échangent la duchesse de Guermante avec son entourage prisonnier de ses idéaux de caste. Voilà un spectacle qui à la fois entretient la nostalgie et, comme dirait l'auteur d'Un amour de Swann, provoque des rires écumants.
Comédie des Champs Elysées jusqu'au 6 avril les dimanches à 19h30, Les Lundis, à 20h30
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