jeudi 5 février 2009

La dispute de Marivaux

 Tout en délicate coquetterie, les mots de Marivaux décrivent avec plus de cruauté encore que dans ses autres pièces l'inconstances de nos sentiments. Puisant le début dans une autre de ses oeuvres, Muriel Mayette nous fait entendre l'affrontement  d'un homme et d'une femme de haute naissance  persuadés que si les sentiments amoureux sont si volatiles la faute en incombe aux représentants de l'autre sexe. Une expérience est tentée pour savoir lequel détient la vérité. Des garçons et des filles,  chacun  élevés seuls,  n'ont jamais vus d'autres humains que les deux domestiques noirs chargés de les élever. Pas même un miroir ne leur a été donné pour qu'ils prennent connaissance de leur apparence. Quand l'organisateur de cette expérience juge le moment venu de les faire se rencontrer il observe avec sa compagne comment les jeunes gens tout juste pubères vont réagir. Lorsqu'ils se voient pour la première fois Eglé et Azor éprouvent l'un pour l'autre, qu'ils trouvent d'une beauté astrale, une ferveur exorbitante, se jettent des regards dolents et ne veulent se séparer, ne fut-ce qu'un court moment, à aucun prix.  Leurs façons gourdes ne les gênent évidement en rien. Mais il suffit qu'ils tombent nez à nez avec un autre tendron du sexe opposé pour que leur passion s'effrite. 
Si l'ouverture semble un brin trop bavarde, les scènes entre les quatre jeunes gens sont délectables. En particulier celle de la rencontre entre les deux adolescentes qui d'emblée éprouvent l'une pour l'autre, dont l'aspect leur apparaît bien disgracieux, une véritable aversion.  Les quatre comédiens qui jouent les garçons et filles frais comme la rosée ont tous un sacré panache. Une mention très spéciale cependant à Anne Kessler qui dans le rôle d'une allumeuse en herbe est carrément irrésistible. Théâtre du Vieux-Comonbier Jusqu'au 15 mars   

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