mercredi 27 novembre 2019

La magie lente de Denis Lachaud

La psychanalyse est une magie lente écrivit Freud. Constatation que confirme ce spectacle joué par Benoit Giros mis en scène avec une invention et une finesse de tous les instants par Pierre  Notte. Mécontent  que ses visites depuis dix ans à un psychiatre ne lui ont apporté aucun soulagement, un patient se rend chez un autre docteur de l'âme. Celui-ci ne tarde pas déconstruire le diagnostic de son ancien praticien qui le considérait comme schizophrène et lui prescrivait des médicaments censés apaiser cette psychose. Le psychanalyste arrive  en  faisant jaillir de sa bouche des mots qui en disent long sur une détresse restée dans l'ombre à le mettre face au traumatisme qu'il subit dans son enfance.  Ses souvenirs deviennent de plus en plus vivaces. Il comprend petit à petit que le silence dans lequel il a baigné de la part de ceux qui auraient dû  y voir clair fut meurtrier. Bien que profondément déprimé et accablé de culpabilité, cet homme a réussi à se marier à une femme qu'il aime et est père de deux enfants. En faisant remonter  des grands fonds des souvenirs cuisants, il prend possession de sa personne. Il devient évident qu'il n'est pas psychotique mais gravement névrosé. Après ce qu'il a subi et on le serait à moins. Puisqu'il est question de mots, j'ose écrire que je n'en trouve pas pour qualifier le jeu de Benôît Giros (qui joue le psy et son patient)  tant il dépasse ceux, louangeur,  habituellement utilisés.  Partant d'un texte en tous points saisissants de justesse de Denis Lachaud, le metteur en scène et le comédien ont créé un spectacle qui, chose exceptionnelle, nous plonge dans la sidération.  Jusqu'au 7 décembre Théâtre Paris-Villette tél 01 40 03 72 23

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