jeudi 5 septembre 2019
Le cours classique de Yves Ravey
Alors qu'il réalisa des années durant des spectacles marquants, Joël Jouanneau semblais avoir pris ses distances avec la scène. Il n'en est heureusement rien puisqu'il a adapté avec Sandrine Lanno, qui l'a ensuite mis en scène, le texte de Yves Ravey "Le cours classique". Conrad Bligh, professeur principal d'un collège, prend à partie une classe d'élèves qui lors d'un cours de natation ont fait boire la tasse a leur professeur d'anglais aux prouesses nautiques peu éclatantes. Alors qu'il s'apprête à reprendre son cours sur Gide surgit monsieur Saint Exupéry, le censeur des études. Pour lui il ne fait pas de doute qu'il y ait eu de la part de deux élèves tentative d'assassinat. Chez cet homme aux certitudes bétonnées la puissance des mots s'exerce à plein. On devine entre les deux hommes, celui dont la peine à vivre est plus grande et qui est de ce fait plus porté à la tolérance et son supérieur qui croit à sa mission d'autorité morale, une sourde tension. Le public apparaît tantôt comme la classe des élèves à qui il fait reproche de leur comportement, à d'autres moments comme des membres de la commission qui doit statuer sur le sort des deux jeunes gens. Si la loquacité de l'un laisse l'autre coi, ce dernier n'est pas sans réagir. A l'aide de souvenirs à priori sans lien avec les discours enflammés de son interlocuteur, il vide son sac et donne ce faisant une vision de l'enseignement on ne peut plus éloignée de celle du censeur. Il ne tombe pas pour autant dans l'évocation d'un bel autrefois où, se souvient-il, il fut envoûté par un professeur au passé trouble dont les sévices moraux n'avaient rien à envier à celles de Saint Exupéry. Il n'est certes pas nouveau que des jeunes enrégimentés favorisent la montée d'une pensée totalitaire. Le prodige est que ce spectacle alarmant fasse constamment sourire. Qu'il soit puissamment interprété par Philippe Duclos et Gréguoire Oestemann, un comédien d'un talent exceptionnel qui, après avoir été porté aux nues, semblait depuis quelques ans avoir perdu les faveurs des metteurs en scène et que l'écriture d'Eric Ravey soit surprenante de précision et de surprises ne sont évidement pas étranger à sa réussite. Jusqu'au 29 septembre Théâtre du Rond-Pont tél 01 44 95 98 21
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