mercredi 1 mai 2019

Electre/Oreste d'Euripide

Figure de pointe du théâtre contemporain, le metteur en scène Ivo van Hove n'a de cesse de prospecter des terrains nouveaux. Il a cette fois jeté son dévolu sur deux épisodes des Atrides, Electre et Oreste qu'avec sa confondante virtuosité il associe. Bien que de haute lignée, Electre (Suliane Brahim, comédienne d'un gabarit exceptionnel) a été mariée à un paysan et vit dans des conditions misérables. La tête rasée comme celle d'une esclave, elle a l'esprit en ébullition. L'arrivée d'Oreste, son frère, dont elle ignorait le sort, lui offre l'occasion de se venger de Clytemestre, sa mère et d'Egyste, son amant qui après avoir assassiné Agamemnon, leur père, règnent sur le royaume dont ils l'ont ostracisée. Avec l'aide de son ami Pylade, Oreste occis l'usurpateur. Avec des mots qui ont le tranchant d'une lame, Electre le convainc d'à présent tuer celle qui leur a donné le jour. Le matricide commis, Oreste se trouve plongé dans un désespoir infini. Ses meurtres ont sur sur son âme comme sur la population des effets dévastateurs. L'arrivée de Menélas et d'Hélène ramenée de Troye ne sont pas faits pour calmer le jeu. Celle de Tyndare, père de Clytemnstre et d'Hélène encore moins qui, lui, désire qu'Oreste et sa soeur soient châtiés. Le cycle des violences semble ne jamais pouvoir prendre fin. C'est sans compter sur l'intervention des dieux de l'Olympe, en particulier d'Apollon. Ivo van Hove aime mélanger les registres. Son spectacle n'est pas sans faire songer à une bande dessinée. Il a de plus eu l'excellente idée de demander au chorégraphe Wim Vandekeybus de diriger les danses des érinyes qui apparaissent de ce fait issues de rîtes païens. Si l'on regrette que les micros dont sont munis les acteurs les mettent trop à distance, on ne peut que louer leur jeu. En particulier ceux de Didier Sandre (Tyndare) de Loïc Corbery (Pylade)et de Christophe Montenez (ardent Oreste). Gageons que le spectacle trouvera son amplitude lorsqu'il se jouera fin juillet à ciel ouvert dans le théâtre antique d'Epidaure. Jusqu'au 3 juillet Comédie-Française Salle Richelieu tél 01 44 58 15 15

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