mardi 13 février 2018

Quils de Dough Wright. Mise en scène Jean-Pierre Cloutier et Robert Lepage

Une femme échevelée fait irruption dans le bureau du responsable de l'asile de Charenton. Elle exige qu'il soit mis fin aux privilèges dont jouit son mari qui n'est autre que le marquis de Sade. Protecteur davantage que geôlier du célèbre détenu dont la rhétorique bien rodée le laisse admiratif, l'abbé de Coulmier ne se résoud pas à faire, comme on le lui a recommandé, de son séjour un enfer en le privant de sa plume. Mais rien n'arrête le champion du libertinage qui quand il n'a plus d'encre écrit avec son sang. Les mises en garde de l'abbé le pousse à surenchérir. Ses débordements libidineux finissent par avoir raison de la mansuétude de celui qui se considère comme un homme de dieu et finit par se découvrir des pulsions inavouables. Ecrite à la fin du précédent millénaire par l'écrivain et librettiste texan Doug Wright, cette pièce dénonce les inclinations puritaines contre lesquelles les créateurs américains doivent constamment lutter et qui aujourd'hui, en particulier depuis le début de l'affaire Weinstein, vont, partout, en grandissant. L'artiste multidisciplinaire québecois Robert Lepage, qui avec Jean-Pierre Cloutier a mis le spectacle en scène et en espace, joue avec une prodigieuse faconde le rôle de celui qu'on surnomma le divin marquis. Il a eu l'astucieuse idée de mettre face à lui un comédien à sa taille. L'interprétation de Pierre-Yves Cardinal est d'une telle intensité qu'elle rappelle cet autre abbé qui se croit confronté au diable décrit par Georges Bernanos dans Sous le soleil de Satan. On connaît le goût de Lepage pour les prouesses technologiques. Il a cette fois conçu des jeux de miroirs dont la fréquence ne semble pas utile. C'est la seule réserve qu'inspire la représentation. Jusqu'au 18 février La Colline Théâtre National tél 01 44 62 52 52

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