lundi 8 mai 2017
Le testament de Marie de Colm Toibin. Mise en scène Deborah Warner
Le contraste entre la vierge en majesté qui trône au centre d'une scénographie de toute beauté et le corps allongé et recouvert d'un tissu de Marie est sidérant. A l'instant où le spectacle débute elle émerge d'un cauchemar. Son esprit d'emblée reprend le fil. Si elle raconte quelques étapes du parcours de son enfant qui était, dit-elle, entourée d'une bande de désaxés et qui, exemple même du fils prodige, quitta son foyer deux ans plus tôt, elle est aussi hantée par la vision d'un être maléfique. Un homme qui introduit dans une cage à lapins un animal qui les met en pièces. Cet être qui semble trouver du plaisir à assister à des supplices évoque le calvaire auquel fut condamné son fils mais aussi le danger qui la menace elle. Les mots bruissent dans la tête de Marie qui n'a rien d'une sainte mais tout d'une mère dont le fils s'est carapaté. Elle même abandonnera ce fils avant qu'il n'expie. Nous voilà loin de l'imagerie pieuse, du mythe forgé par les apôtres.L'auteur irlandais Colm Toibin a écrit une oeuvre résolument laïque. Marie relate par le menu la résurrection de Lazarre mais ne s'attarde pas sur l'aspect miraculeux de l'événement. Qu'il ait été considéré comme le roi des juifs ou le fils de dieu apparaît à la femme déspiritualisée qu'elle est totalement incongru. Elle ne croit pas, comme son entourage d'exaltés, que les dons dont il est pourvu soient le signe d'une ferveur messianique. Deborah Warner qui met la pièce en scène a entre autres talents celui de pousser les comédiens au meilleur d'eux-même. Comme dans Maison de poupée d'Ibsen qu'elle joua il a vingt ans sous sa direction, Dominique Blanc déploie une gamme infinie de nuances. Seule en scène sous les lumières somptueuses de Jean Kahlman, elle interprète de façon souveraine une femme débordée par son destin. Jusqu'au 3 juin Comédie Française au Théâtre de l'Odéon Tél 01 44 85 40 40
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